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Brésil: Paciência Viva ou le recyclage au service du football

A l’occasion de la Coupe du monde 2014 au Brésil, JOL Press vous propose une série « Histoires de football », un tour du monde en portraits et récits courts mettant en exergue le rôle social et sociétale du sport le plus populaire au monde… Dans le cadre d’un partenariat avec Metronews, vous pouvez retrouver ces  Histoires de football » dans la version papier du quotidien gratuit Métro.

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Le rendez-vous est fixé sur le largo da dinha, une esplanade prise d’assaut par les habitants de Salvador, une fois la nuit tombée. A deux pas de la plage de Rio Vermelho, l’endroit attire également les touristes, conférant au lieu un caractère cosmopolite, joyeux et animé. Claudio Deiro, le directeur de l’ONG Paciência Viva – Patience vivante, en français – arrive en toute décontraction, souriant à la vue du journaliste étranger.

Affable, chaleureux et spontané, il nous invite à prendre un verre pour faire connaissance et évoque d’emblée les activités de son organisation. « Nous sommes présents sur deux fronts, l’environnement et le football. Les jeunes que nous encadrons récupèrent les déchets de papier dans différents points de collecte de la ville. Nous les recyclons et fabriquons des agendas et des cahiers vendus par la suite dans les écoles », détaille-t-il.

Le jeu comme finalité

Les recettes engrangées servent à financer l’autre pôle de l’ONG, à savoir des tournois ludiques de football de plage pour les gamins des favelas, ainsi que des entraînements pour les plus talentueux, ceux qui ambitionnent de percer au plus haut niveau. Claudio Deiro a longtemps pratiqué le football de plage dans l’Etat de Bahia et à l’échelon national. Avec ses collègues, ils peuvent se targuer d’un engagement réussi en faveur de la communauté. « Des jeunes talents que nous avons formés jouent ou ont joué dans d’excellentes équipes. C’est une fierté de constater le chemin qu’ils ont parcouru pour atteindre ce niveau. Par ailleurs, nous tentons de favoriser l’inclusion sociale des mômes des quartiers déshérités, trop souvent livrés à eux-mêmes, sans perspective d’avenir. Le football leur offre l’occasion de se dépenser, de partager des bons moments et d’apprendre le fair-play, ainsi que le respect des règles de jeu ».

Agir selon ses principes

Tout a commencé il y a 15 ans, lorsque la fédération bahianaise de football de plage l’incite à prendre sous son aile de jeunes joueurs prometteurs. Claudio Deiro est séduit par l’idée. Sensible aux problématiques sociales et environnementales, il décide de fonder l’ONG Paciência Viva, avec comme ambition de développer des actions transversales. Il éprouve une grande tristesse à observer ces adolescents désœuvrés et enrage devant les effets de la pollution sur la plage de Paciência, où se déroulent les entraînements et les matches. « Je pestais aussi contre tous ces déchets qui jonchent les rues et le gaspillage intolérable de notre société. La plage de Paciência était délaissée, les autorités ne s’en souciaient guère. Nous sommes intervenus pour la revitaliser et les gens sont revenus. J’investis beaucoup d’énergie et d’amour depuis toutes ces années car, à travers nos projets, j’ai l’impression d’être utile. Peut-être qu’en occupant ces jeunes, nous parvenons à éviter qu’ils ne commettent des actes criminels. Qui sait ? », demande-t-il, en regardant vers le ciel.

L’autre « Coupe du monde »

Sans soutien de la municipalité, l’association fonctionne avec peu de moyens une grosse dose de bonne humeur et de débrouillardise. En marge de la Coupe du monde 2014, Claudio Deiro et son équipe se sont joints à l’organisation anglaise Football Beyond Borders (Football  par-delà les frontières) pour mettre en place la « Copa do povo », un tournoi de football organisé, dimanche 15 juin, juste après l’ouverture du Mondial, sur les terrains de l’Université fédérale de Bahia. Pour Claudio, ce fut un grand succès : « Il y avait beaucoup de monde, des Brésiliens d’ici et d’ailleurs, et des étrangers aussi. Ce fut une belle fête de la tolérance et de l’échange, qui a rassemblé des personnes d’horizons divers. L’espace d’une journée, les frontières sociales ont été brisées ».

L’entretien se termine à l’heure du repas de midi. Le soleil assomme le largo da dinha. Claudio Deiro nous convie à une partie de football. Invitation acceptée. On se retrouvera autour d’un ballon…

Yanik Sansonnens

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