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Caricature: «Éveiller les consciences en quelques coups de crayon»

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JOL Press : Qu’est-ce qui vous a donné envie de dessiner ?
 

Lassane Zohoré : Ma passion pour le dessin date de longtemps. Déjà, je me souviens que je dessinais avant même d’aller au CP1. Mes amis et moi, on se défiait en dessinant sur le sol. Au collège, j’animais le journal de l’école. A partir de là, j’étais persuadé que c’était ma voie.

JOL Press : Vous êtes à l’affiche du film « Caricaturistes – fantassins de la démocratie ». Selon vous, quelle est la mission d’un dessinateur de presse ?
 

Lassane Zohoré : Un dessinateur de presse se sert avant de son crayon pour dénoncer ou attirer l’attention de l’opinion sur un sujet d’actualité ou de société. Il peut éveiller les consciences en quelques coups de crayon. Dans un milieu où le taux d’analphabétisme est élevé comme le nôtre, le dessin s’avère un moyen essentiel de communication. En ce qui nous concerne en Côte d’Ivoire, nous traversons une période très sensible. Nous critiquons certes dans nos dessins, mais nous veillons à ce que nos dessins ne jettent pas davantage de l’huile sur le feu.

JOL Press: Quelle est la recette d’une bonne caricature ?
 

Lassane Zohoré : Il y a plusieurs recettes. Mais je pense qu’une bonne caricature doit être pertinente, créative et surtout compréhensible. C’est vrai qu’il y a souvent deux niveaux de lecture dans une caricature pour déchiffrer le message. Tout est dans la dextérité du dessinateur qui doit avant tout, être très cultivé.

JOL Press : Un caricaturiste peut-il tout dessiner ?
 

Lassane Zohoré : Je pense qu’on peut tout dessiner, ça dépend de là où on se trouve. Par exemple en Côte d’Ivoire, on a souvent fait des dessins sur les religions musulmane et chrétienne sans que ça ne provoque le courroux de leurs fidèles. Au contraire, tout le monde en rit. Dans d’autres coins du monde, ce serait inimaginable de le faire. Par contre, on ne pourrait pas dessiner une personne complètement nue à cause du regard pudique de la société. Dans ce cas-là, si on le faisait, on serait sans doute interpellé ou sanctionné par le Conseil national de la presse (CNP) qui est l’autorité de régulation de notre secteur. La liberté d’ici a donc ses limites qui ne sont pas identiques sous d’autres cieux.

JOL Press: Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les dessinateurs de presse en Côte d’Ivoire ?
 

Lassane Zohoré : La formation sans doute. Car la plupart des dessinateurs apprennent sur le tas. Ils gagneraient également à se cultiver davantage. Et enfin, il n’y a pas suffisamment de supports où ils pourraient exprimer leurs talents.

JOL Press: Avez-vous déjà été victime de pressions? Vous arrive-t-il de vous auto-censurer ?
 

Lassane Zohoré : Des pressions, oui. Mais pas directement de la part des Pouvoirs successifs, mais de quelques militants zélés qui n’aiment pas qu’on touche à leurs leaders. Il peut également arriver qu’on s’autocensure. Si on sent une certaine tension dans la population, on peut différer un thème. Comme par exemple sur le tribalisme.

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