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Crise à l’UMP: le triumvirat Fillon-Juppé-Raffarin est-il légitime?

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On croyait l’UMP sur la voie de l’apaisement après l’annonce de la démission de Jean-François Copé pour le 15 juin prochain. Il n’en est rien. Une fronde s’organise qui tend à dénoncer l’illégitimité du triumvirat, composé d’Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin, trois anciens Premiers ministres chargés d’assurer l’intérim jusqu’à l’organisation d’un congrès en octobre.

Luc Chatel plutôt que les trois anciens Premiers ministres ?

« Je ne peux cautionner la sortie de crise qui s’est dessinée, tout simplement parce qu’elle n’est en rien conforme à nos statuts », a lancé Nadine Morano, déléguée générale chargée des élections à l’UMP, dans un entretien au Parisien. Selon elle, « c’est le vice-président, Luc Chatel, qui doit assurer l’intérim jusqu’au congrès. C’est la seule voie juridique possible ».

Et d’ajouter : « Après la crise de l’élection interne de novembre 2012, nous nous sommes dotés de nouveaux statuts. J’observe que ceux qui les réclamaient avec vigueur les bafouent aujourd’hui. Je ne peux accepter cette situation qui nous met dans l’illégalité. Ce ne peut être, à la rigueur, qu’une équipe informelle qui entoure le président par intérim, mais qui ne dispose pas de légitimité. Cela ne pouvait être qu’eux pour diriger provisoirement le parti ? Seuls ? En aucun cas. »

Un avis partagé par l’ancien secrétaire général de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, Claude Guéant, pour qui cette nouvelle gouvernance est «irrégulière au regard des statuts de l’UMP».

Que disent les statuts ?

Selon les statuts du parti (Article 24), « le Président de l’Union est assisté d’un Vice-président délégué et d’un Secrétaire Général qu’il nomme ; ces nominations sont soumises à approbation du Conseil National. En cas d’empêchement, le Président de l’Union est remplacé par le Vice-président délégué ; il en est de même en cas de vacance de la présidence de l’Union jusqu’à l’élection d’un nouveau Président. »

Si Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon sont conscients que les statuts n’ont pas été respectés, ils ont assuré qu’un vote formel validera la direction collégiale avant le 15 juin, la date effective de la démission de Jean-François Copé. Luc Chatel a de son côté laissé le soin à la Haute autorité de l’UMP de trancher : « Le BP trouvera le 10/06 avec la haute autorité de l’UMP la solution juridique de sortie de crise politique. D’ici là impératif d’apaisement », a-t-il tweeté le 1er juin.

Une positions très critiquée

Une chose est sûre, les frondeurs sont très mal vus au sein du parti. Le député UMP Bernard Debré s’en est violement pris à Nadine Morano et à Claude Guéant, les traitant de « battus qui nous donnent des leçons ». « Je vais vous dire, très franchement, je ne veux pas être grossier, mais ils commencent à nous ennuyer, j’allais dire à nous emmerder », a-t-il lancé sur RFI, lundi 2 juin. Nadine Morano, « qu’elle se contente d’être député européen, elle n’avait aucun titre à l’être, si ce n’est que c’était une récompense parce qu’elle avait été battue, alors on la met là-bas, elle commence à nous casser les pieds », a-t-il insisté.

Et Claude Guéant ? « Il n’est rien. Il a été très proche de Nicolas Sarkozy, très bien, mais il s’est fait battre aux élections législatives », a-t-il poursuivi. « La totalité du staff de la direction de l’UMP a démissionné. Nadine Morano nous dit il fallait mettre Luc Chatel… Mais il a démissionné ! » a insisté le député de Paris.

Sur RMC, le député UMP de la Marne, Benoist Apparu, a lui aussi considéré qu’il n’y avait plus « de vice-président puisque toute la direction de l’UMP, Luc Chatel compris », avait démissionné. Luc Chatel a, en effet, bien démissionné, mardi 27 mai, en même temps que toute la direction de l’UMP, ce qui met le parti face à un vide juridique.

La guerre est relancée

Mais les frondeurs ne semblent pas vouloir baisser les bras pour autant. Selon les informations du Lab, six militants UMP devaient faire déposer, ce mardi 3 juin, par un huissier de justice, une sommation interpellative à l’adresse de Luc Chatel, vice-président délégué du parti, afin de lui demander de prendre la tête du parti.

« Les membres dudit triumvirat, conscients de la fragilité de leur position réglementaire ont d’ailleurs évoqué leur souhait que cette structure soit entérinée par un vote du Bureau Politique avant leur entrée en fonction… » peut-on lire dans cette sommation. « Ce qui ne réglerait rien puisque ce n’est pas prévu par les statuts, puisque seule la Haute Autorité a vocation à cela, celle-ci étant déjà désignée (Cf. Article 45-3 et 45-4 des statuts de l’UMP).Une situation transitoire violant les statuts, donc illégale, dans l’attente du congrès, semble donc constituer un remède pire que le mal et s’apparente à un « putsch » contre la loi de notre parti. » La guerre est donc bel et bien déclarée…

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