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D-Day: toujours LE jour le plus long…

Petit, j’ai grandi, l’été, sur une plage de Normandie. Quelques années à peine avant le 40ème anniversaire du D-Day, à Saint-Aubin-sur-mer, entre Juno et Sword, le souvenir de LA guerre, et celui du Débarquement n’appartenaient pas encore à l’Histoire.

Nos « baby-boomers de parents », occupés à préparer l’avenir à Paris, nous laissaient tous mes copains et moi aux bons soins de nos grands-parents et – dans mon cas – mon arrière-grand-mère. Aucune de ces figures tutélaires, figures à jamais si bienveillantes, n’avait su effacer de sa mémoire le souvenir vivace de notre France occupée, outragée, martyrisée, de notre France libérée…

Témoigner

Pour beaucoup, quarante ans durant, ils n’en avaient que rarement parlé, soucieux d’oublier, de reconstruire – reconstruire le pays – et de se reconstruire. Ils n’avaient rien oublié dans leurs mémoires, et leurs souvenirs étaient en couleurs, fûssent-elles sombres.

Nos jeux de rôle autour du vieux canon au bout de la digue, nos parties de petits soldats – lors desquelles piocher « les Boches » risquait d’engendrer des crises diplomatiques de grande ampleur d’une cabine de plage à l’autre –  et nos chasses aux « sablières », restes de cartouches d’époque attaquées par le sel que nous collectionnions tels de précieux trésors, les ont poussés à témoigner…

Ils et Elles nous ont parlé. Elle m’a parlé de ses jeunes Américains, Britanniques, Canadiens, Australiens, Néo-Zélandais, Polonais, Français – Français de France et d’ailleurs – et de tous les autres…

Et, malgré l’horreur, comme elles étaient belles – c’est à dire fortes et, la preuve, mémorables -, nos soirées sans télé !

Transmission, transmission de la mémoire, de leur mémoire, de la nôtre, de celle de tous ceux qui ont suivi et de tous ceux qui suivront…

Se souvenir

Ce 6 juin 1944 reste LE jour le plus long, LE jour où, sans doute, plus que jamais, avant et après, l’histoire de l’Humanité aurait pu définitivement basculer.

Inutile d’extrapoler, chacun imagine aisément, mémoire en couleur ou noir et blanc, ce qu’il serait advenu si, par malheur, Overlord avait tourné à la Bérézina. Nous serions tous, comme disait le chanteur, en Germanie – en « Soviétie » ou au paradis – à parler de je ne sais quoi, à saluer je ne sais qui…

Si ce vendredi 6 juin 2014 est une journée si importante, c’est sans doute aussi parce que c’est une des dernières occasions où, en nombre, des vétérans, survivants du D-Day et des 70 ans qui nous en séparent, à 90 ans ou plus, pourront être présents. C’est une des dernières occasions pour les plus jeunes générations d’entendre de vive voix le témoignage de témoins, héros ou pas, malgré eux ou pas.

Préparer l’avenir

Ce 6 juin 2014 n’est pas qu’un jour du souvenir, du passé…

On peut gloser sur la visite d’Elisabeth II. Elle reste, après 62 ans de régne, la reine d’Angleterre, reine du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, chef d’Etat de tous ces pays et de tant d’autres territoires, une souveraine dont le premier Premier ministre ne fut autre que Winston Churchill. Elle est LA témoin, par excellence, de ce dernier conflit mondial, durant lequel, jeune princesse, elle est restée à Londres et s’est engagée comme ambulancière. Elle tient légitimement le premier rang.

On peut évoquer avec une fausse gravité la « nouvelle guerre froide » Obama-Poutine, et un diner suivi d’un souper pour le même François Hollande la même soirée… La paix n’est jamais acquise.

Mais, pour finir, nous aurions tort de passer sous silence la présence, même si ce n’est pas la première fois en une telle occasion, du chancelier d’Allemagne, la chancelière Angela Merkel. Cela reste sans doute, de tous les gestes, le plus symbolique. Merci l’Europe !

Évidemment, ce vendredi 6 juin 2014, c’est aussi, et avant tout, un jour essentiel pour aujourd’hui, pour le monde dans lequel nous vivons, cette époque si perturbée où chacun sent bien que c’est le devenir du siècle en cours qui se joue.

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