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Débarquement: la propagande de Goebbels

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Pour motiver les troupes, le ministre de la Propagande Joseph Goebells les manipule en leur faisant croire que les Allemands remportent des grandes victoires alors qu’il n’en est rien. Le fanatisme de certains et la grossiereté des mensonges de Goebells font leur effet sur beaucoup de soldats, même si certains ne sont pas dupes.

Extrait de « Invasion ! Le Débarquement vécu par les Allemands » de Benoît Rondeau (Éditions Tallandier, 2014).

« De fait, Waffen SS et parachutistes feront montre de fanatisme au cours de cette âpre et sanglante campagne. Guderian est également convaincu de la supériorité du soldat allemand : l’infanterie britannique manque de combativité et, face à des équipages de Panzer très bien entraînés, selon lui (il est l’inspecteur général des troupes blindées), « la supériorité de l’ennemi ne découle que du nombre de ses chars3 ».

Obéissants, les soldats allemands, comme leurs adversaires, nouent des liens de solidarité au niveau du groupe de combat ou de la section. Leur motivation première : survivre et ne pas abandonner les « copains », les venger au besoin. L’idée de remporter la bataille décisive pour le Reich est bien entendu très présente. On se bat pour la patrie (Vaterland) et la famille. On se bat aussi pour le Führer, plus souvent que certains auteurs ne voudraient le laisser entendre.

Pourtant, l’examen fait par les services de renseignement américains du courrier pris sur les prisonniers et sur les cadavres semble suggérer une baisse du moral après la chute de Cherbourg4. À l’instar des commandants Kuhle et von Saldern, certains prisonniers pensent désormais que la guerre ne peut plus être gagnée. Déçus par le Führer qui n’a pas su tenir ses promesses, sensibles à la puissance de leurs adversaires américains, ils ne cachent pas non plus leur mépris pour leurs officiers, jettant dans la même opprobre Rommel et Rundstedt5. Début juillet, un soldat de la 91e division d’infan- terie écrit : « Difficile de continuer à croire en la victoire puisque les États-Unis prennent de plus en plus pied. »

[image:2,s] L’absence de succès tangible affecte le moral. Le caporal Hohenstein de la 276e DI rapporte que de nombreux sol- dats disent qu’ils ne quitteront jamais vivants la Normandie. Les Waffen SS ne sont pas exempts de périodes de doutes. Heinz Harmel, qui commande la 10e division SS de Panzer, observe ainsi un relâchement de la discipline, notamment dans les services arrière7. Mais une telle constatation ne peut en aucun cas être généralisée. A contrario, la propagande orchestrée par Goebbels porte ses fruits. Plus le mensonge est gros, plus il semble être admis.

L’impact réel des effets dévastateurs des bombes volantes V1 sur l’Angleterre est surestimé. Un soldat allemand capturé au début du mois de juillet rapporte que d’après son commandant de compagnie la population du sud de l’Angleterre est affamée et que les victimes se montent à 12 millions »

 

Benoît Rondeau fut chercheur à la Fondation pour la mémoire de la déportation. Il est l’auteur de La Grande Guerre au Moyen-Orient (2009), Afrikakorps, l’armée de Rommel (Tallandier, 2013) et co-auteur du Dictionnaire du Débarquement (2011).
 

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