Site icon La Revue Internationale

En Thaïlande, la résistance prend des airs d’«Hunger Games»

[image:1,l]

Suite au coup d’État militaire mené par le général Prayut Chan-O-Cha le 22 mai, la résistance continue en Thaïlande.

Quand la fiction rejoint la réalité

Malgré les tentatives de dispersion des manifestations par la junte militaire, des milliers d’habitants de Bangkok ont organisé plusieurs petits rassemblements dans le centre-ville de la capitale cette semaine.

Levant un bras, trois doigts en l’air, le pouce et l’auriculaire repliés, les Thaïlandais ont adopté le symbole de la rébellion dans la saga The Hunger Games, écrite par Suzanne Collins, récemment adaptée au cinéma. Le geste, utilisé dans la trilogie de science-fiction comme signe de résistance des districts contre la dictature imposée par la capitale, a trouvé un nouvel écho dans les rangs des manifestants thaïlandais.

Accompagnant souvent ce geste d’une main plaquée contre la bouche, les manifestants ont exprimé de manière pacifique leur opposition au coup d’État, et leur colère face à une crise politique qui dure depuis maintenant plus de sept mois entre partisans et opposants à l’ex-Première ministre Yingluck Sinawatra.

[image:2,s]Les images, qui ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, ont poussé certains internautes à chercher d’autres sens à ce geste. Certains disent que chacun des doigts représente un mot de la devise française « liberté, égalité, fraternité », d’autres le comparent au salut scout. Dans la trilogie The Hunger Games, les trois doigts sont aussi levés en signe de solidarité et de respect aux défunts.

Box-office

En Thaïlande, où le deuxième volet de la série The Hunger Games a été en tête du box-office en novembre et décembre derniers, la loi martiale imposée par la junte militaire désormais au pouvoir empêche les regroupements de plus de cinq personnes.

Certains acteurs de la série à succès ont salué l’utilisation du signe de résistance par les Thaïlandais. L’actrice Natalie Dormer a ainsi exprimé son soutien aux manifestants sur SkyNews : « tout ce qui galvanise les gens d’une manière positive pour lutter contre l’oppression ne peut en aucun cas être critiqué. Si cela peut les aider, alors ce geste ne peut être que positif », a déclaré l’actrice anglaise de 32 ans qui incarne Cressida dans la saga.

Quand une œuvre inspire la révolte

Ce n’est pas la première fois qu’une œuvre culturelle inspire un symbole de la résistance. Le fameux masque des Anonymous, qui a déferlé dans les capitales des quatre coins du monde en 2008-2009, est devenu l’emblème de la révolte et des différents mouvements « Occupy ».

Le masque, utilisé dans le film V pour Vendetta, a été imaginé par David Lloyd et Alan Moore, auteurs du roman graphique adapté au cinéma. Dans une interview accordée à The Observer, Alan Moore avait ainsi expliqué avoir été inspiré par le visage de Guy Fawkes, insurgé catholique de la « Conspiration des poudres » qui avait tenté de faire exploser la Chambre des Lords en 1605.

« J’ai tenté d’utiliser son caractère énigmatique pour produire un effet de dramatisation : nous pouvions montrer un personnage, debout silencieusement, arborant une expression qui pouvait être plaisante, désinvolte ou beaucoup plus sinistre… On reste hanté par ce sourire ».

Quitter la version mobile