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Espagne: les écoles de langues, un secteur épargné par la crise?

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JOL Press : Avez-vous constaté une augmentation du nombre d’étudiants depuis le début de la crise ?
 

Armando de León-Sotelo Benítez : Nous connaissons en effet une hausse du nombre d’étudiants à l’Ecole officielle de langues Madrid-J.Maestro depuis 2011 : ce phénomène a été particulièrement frappant lors de la période 2011-2012, ainsi que 2012-2013. Ici nous enseignons au total 22 langues étrangères : au-delà du français, de l’allemand et de l’anglais, nous proposons des cours d’arabe, de russe et de japonais.

JOL Press: Faut-il voir dans ce phénomène un lien avec la crise économique en Espagne ?
 

Armando de León-Sotelo Benítez: Oui, je pense que ce phénomène est lié à la crise : de nombreux citoyens ont choisi d’apprendre ou de perfectionner une langue pour obtenir un travail ou même pour voyager à l’étranger. Cependant, nous avons remarqué  une baisse du nombre de demandes ces deux dernières années dans les différentes Ecoles officielles de langues en Espagne. Nous pensons que cela est lié à la crise : les horaires de travail sont plus longs et dans un contexte de crise,  certaines personnes sont obligés de se passer l’apprentissage des langues.

JOL Press : Quel est le profil des étudiants qui viennent suivre des cours à l’école de langues ?
 

Armando de León-Sotelo Benítez : Nous accueillons des jeunes âgés de 18 ans, mais aussi des personnes un peu plus âgées, qui viennent généralement de terminer leurs études universitaires et qui essaient de s’insérer sur le marché du travail. Ils se rendent compte que la maîtrise d’une autre langue est aujourd’hui indispensable pour trouver un emploi.

JOL Press : Quels sont les cours de langues les plus demandés aujourd’hui en Espagne ?
 

Armando de León-Sotelo Benítez :  Depuis 2011, il y a eu une forte augmentation du nombre d’étudiants désirant apprendre le chinois, le japonais et le portugais. Entre 2011 et 2013, nous avons également assisté à une augmentation des cours d’allemand. Aujourd’hui, il est devenu indispensable de maîtriser une langue étrangère pour se faire une place sur le marché du travail, et pas seulement des langues proches – comme le français ou le portugais – mais aussi des langues moins communes, qui constituent un véritable atout sur le curriculum vitae des jeunes.

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JOL Press : On parle aujourd’hui d’une « jeunesse espagnole sans futur », qu’en pensez-vous ? Les jeunes que vous cotoyez font-ils partie d’une génération sans perspective  ?  
 

Armando de León-Sotelo Benítez : Je comprends que l’on utilise l’expression de « génération perdue » pour parler de la situation des jeunes en Espagne aujourd’hui, mais les élèves qui viennent prendre des cours dans cette école sont un peu plus armés que d’autres pour faire face à l’impact de la crise économique et sociale en Espagne. Ils viennent pour la plupart de terminer leurs études supérieures et viennent à l’école pour apprendre ou perfectionner une première langue étrangère, ou une deuxième voire une troisième langue étrangère.

Nous souffrons tous des effets de la crise aujourd’hui, d’une manière ou d’une autre, mais je ne pense pas que l’on puisse parler d’une génération complètement perdue concernant les jeunes qui viennent étudier à l’Ecole officielle de langues Madrid-J.Maestro :  il est certain qu’ils rencontrent des difficultés majeures, mais eux ont la chance de pouvoir apprendre les langues pour faire face à cette situation critique.

JOL Press: Avec une forte présence d’étudiants ces dernières années, peut-on dire que les écoles de langues ne connaissent pas la crise en Espagne ?
 

Armando de León-Sotelo Benítez : Non, malheureusement, ce n’est pas le cas. Les différentes Ecoles Officielles de langues ont subies des réductions du nombre d’enseignants au cours de ces dernières années. Il y a deux ans, les écoles de langues ont subi une augmentation de taxes de 150%, qui a placé Madrid comme la ville la plus chère d’Espagne pour étudier les langues, entrainant ainsi une diminution du nombre de demandes.

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