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Europe: il fait 3000 km à vélo pour dénoncer le gaspillage alimentaire

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JOL Press : Dans le cadre de votre projet « La faim du monde 2014 », vous avez décidé de parcourir plus de 3000 km à vélo  travers l’Europe, de Paris à Varsovie pour dénoncer le gaspillage alimentaire : quel a été l’élément déclencheur pour réaliser ce projet ?
 

Baptiste Dubanchet : Pendant deux ans, j’ai travaillé dans la restauration rapide, puis dans un hôtel de luxe:  j’ai été écœuré par tout le gaspillage alimentaire. J’ai vu des quantités de nourriture finir à la poubelle. C’est affolant, on jette cela comme si c’était illimité. Un projet a muri dans ma tête: celui de faire un voyage en me nourrissant uniquement de ces aliments gaspillés, au lieu de rester chez moi, devant les informations, à me dire que la situation était dramatique.

JOL Press : Dans quel pays avez-vous eu du mal à trouver de la nourriture ?
 

Baptiste Dubanchet : En République tchèque. Je craignais que la situation soit aussi difficile en Pologne mais j’ai finalement trouvé une chaîne de supermarchés qui ne fermait pas ses poubelles. En revanche en Allemagne, j’ai rencontré beaucoup d’étudiants très au courant de cette pratique: une association a d’ailleurs convaincu un supermarché de leur donner gratuitement leurs produits périmés.

JOL Press : Comment les chaînes de magasins essaient de repousser les gens qui veulent récupérer les produits jetés ?
 

Baptiste Dubanchet : A une époque, les supermarchés déversaient des liquides tels que de l’eau de javel pour décourager les gens qui récoltaient les produits jetés. Mais aujourd’hui, la plupart des magasins enferment leurs poubelles…Il arrive même qu’il y ait des barbelés pour les protéger. Désormais, seulement 5% des poubelles sont disponibles: une manière de décourager des clients potentiels. Pendant mon voyage, en fouillant dans une poubelle, j’ai respiré de la mort aux rats qui était éparpillée sur des sachets de purée.

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JOL Press : Par rapport à ses voisins européens, la France est-elle en retard sur la question du gaspillage alimentaire ?
 

Baptiste Dubanchet :  Il s’agit souvent de concept inventés en Allemagne et repris en France, mais cela met du temps à décoller. Je pense qu’il faut d’abord arriver à réduire la quantité de nourriture dans nos poubelles plutôt que de récupérer des aliments jetés. Après avoir dénoncé le gâchis alimentaire à travers le projet « La Faim du monde 2014 » je souhaite oeuvrer en France pour lutter contre ce fléau et trouver des solutions efficaces pour réduire les quantités de nourriture comestible gaspillée.

JOL Press : Quelle est la réaction des gens croisés sur votre route à qui vous racontez votre projet ?
 

Baptiste Dubanchet : D’abord ils me trouvent un peu fou…, puis quand je leur explique et que je leur montre des photos, ils changent d’avis et pensent que c’est le continent sur lequel nous vivons qui est fou et pas moi ! Je me suis rendu dans quelques écoles, en République Tchèque, en Belgique et en France pour faire de la sensibilisation sur ce sujet: énormément d’étudiants m’ont dit que cela leur avait ouvert les yeux sur l’ampleur du gachis.

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