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«Face aux statistiques, il faut donner un visage humain au chômage»

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JOL Press : Quel est l’objectif de Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) ?
 

Vincent Godebout: L’objectif de l’association est triple : tout d’abord nous voulons offrir gratuitement du temps aux chercheurs d’emplois afin de les écouter, leur permette de faire le deuil de leur perte de travail puis de les aider à reconstruire un projet professionnel.

Le second objectif est de créer des emplois solidaires. Pour un certain nombre de personnes que nous accompagnons – environ 3000 chaque année – nous pouvons financer un certain nombre d’emplois pour des personnes dans le monde de l’économie sociale et solidaire : dans les associations en particulier. Ce qui permet aux chômeurs de longue durée de remettre le pied à l’étrier.

Enfin, avec Solidarités Nouvelles face au Chômage, nous voulons contribuer au changement de regard que l’on porte individuellement sur les chercheurs d’emplois. Chaque fin de mois, on nous parle de chiffres, de courbes, de quantité, mais on ne nous parle jamais d’Hervé, Capucine, ou Amandine : nous voulons donner un visage humain à ces personnes qui sont en recherche d’emploi. Aujourd’hui, nous devons parler des gens et de ce qu’ils vivent au quotidien.

JOL Press: De manière concrète, comment donne-t-on un visage humain au chômage ?
 

Vincent Godebout: Cela passe par exemple par les témoignages des personnes concernées, des ateliers et autres activités collectives. Très concrètement, aujourd’hui, lors d’une soirée, la première chose question que l’on pose à un inconnu porte sur ce qu’il fait dans la vie. Lorsque celui-ci répond qu’il cherche du travail, la personne tourne aussitôt le dos et va voir quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, nous devons prendre conscience de cette réalité.

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JOL Press: Avez-vous constaté une augmentation de demandes d’accompagnement depuis le début de la crise ?
 

Vincent Godebout: Depuis dernière année, nous avons constaté une hausse de 50% du nombre de demandes d’accompagnement. C’est une augmentation considérable, mais c’est aussi lié au développement de notre réseau : nous avons recruté 200 nouveaux bénévoles, beaucoup de jeunes souhaitent aujourd’hui se mobiliser simplement comme citoyen dans leur quartier ou pour donner une heure par semaine pour accompagner les chercheurs d’emploi.

JOL Press : Un sentiment de solidarité s’est-il développé avec la crise ?
 

Vincent Godebout: Oui, je crois qu’il y a une prise de conscience individuelle, en particulier chez les plus jeunes. Aujourd’hui, 50% de nos bénévoles sont des actifs au sein de l’association, qui veulent s’engager concrètement sur leur territoire,  dans leur quartier, afin de manifester leur solidarité avec les autres.

JOL Press: Les structures pour accompagner les demandeurs d’emploi sont-elles encore insuffisantes selon vous en France aujourd’hui ? 
 

Vincent Godebout: Il est important que le nombre d’associations se multiplient, non pas pour remplacer les acteurs du service public à l’emploi, mais pour trouver comment travailler en partenariat avec eux et trouver des solutions pour toutes ces personnes. S’il y a un vrai élan citoyen, que chacun d’entre nous décide d’offrir de son temps gratuitement, de financer des emplois solidaires, nous pourrons avoir ainsi une perspective plus positive, et ce malgré le déficit de création d’emplois, qui n’est pas de notre ressort…

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