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Faut-il s’inquiéter du ralentissement des pays émergents?

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Le ralentissement des pays émergents se poursuit (Photo: Shutterstock.com)

Le Produit intérieur brut (PIB) des pays émergents devrait progresser de 4,8% en 2014, marquant un net repli par rapport aux 5,3% prévus en janvier et une stagnation par rapport aux deux années précédentes.

JOL Press : Comment expliquer cette révision à la baisse ?
 

Pascal de Lima : Premièrement, le modèle de croissance de ces pays est trop monosectoriel (pétrole, gaz etc.) et tourné vers l’exportation. Ce modèle a du mal à faire émerger une classe moyenne, et donc à stimuler la demande intérieure. Ensuite, l’ultra-compétitivité de ces économies diminue du fait de la hausse progressive des salaires. Enfin, leur forte liquidité bancaire entraîne une instabilité financière, un surendettement et de l’inflation.

JOL Press : Ces économies souffrent-elles aussi des répercussions de la crise en Ukraine ? 
 

Pascal de Lima : Absolument. Selon la Banque mondiale, cette crise géopolitique qui oppose Moscou à Kiev devrait se traduire par une baisse de la croissance russe (à peine 0,5% cette année) et une chute de 5% pour l’économie ukrainienne. Au premier trimestre 2014, le PIB de la Russie a augmenté de seulement 0,9% sur un an.

JOL Press : Faut-il s’inquiéter de ces nouvelles prévisions ? 
 

Pascal de Lima : Je crois, oui. Plusieurs pays occidentaux, dont l’Allemagne et la France, essayent de diversifier leurs exportations vers ces économies émergentes. Or, leur ralentissement va forcément jouer sur la balance commerciale de ces pays européens.

Ce coup de frein aura un impact sur la santé des filiales brésiliennes de Peugeot et Renault par exemple. De manière générale, c’est l’ensemble de la zone euro qui va être touchée. 

JOL Press : Quels sont les Etats où cette baisse est la plus inquiétante ? 
 

Pascal de Lima : Il s’agit du Brésil, dont la performance attendue en 2014 ne dépassera pas 1,5% (un rythme à peine supérieur à sa progression démographique), et de la Chine, son PIB ne devant désormais progresser que de 7,6% au lieu de 7,7%.

Il faut souligner les faiblesses structurelles du Brésil : offre industrielle insuffisamment diversifiée, économie trop accès sur l’agriculture, crainte d’une inflation endémique… Quant à la Chine, la hausse des salaires pèse sur sa compétitivité.

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