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Felipe VI: quels sont les défis qui attendent le nouveau roi d’Espagne ?

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Photo: L’héritier de la Couronne, le prince Felipe d’Espagne, s’apprête à monter sur le trône jeudi 19 juin – Photo DR Shutterstock

JOL Press : Quels sont les défis qui attendent Felipe VI ?
 

Bartolomé Bennassar : Les défis sont nombreux. Il faut d’abord sortir de la crise et donner l’impression au peuple espagnol que les sacrifices sont partagés. L’autre problème concerne le système des communautés autonomes qui a été créée par la Constitution en 1978, qui comprend certains avantages mais aussi des inconvénients sur le plan des dépenses.

Le troisième défi porte quant à lui sur le désir d’une partie des Catalans d’acquérir l’indépendance. Je crois savoir de bonnes sources, qu’avant son abdication,  Juan Carlos s’est entretenu avec son héritier, le prince Felipe, qui s’est rendu en Catalogne et a rencontré Artur Mas, le chef des indépendantistes. Son but est de changer la vie des Catalans, au prix d’un certain nombre de concessions : tout d’abord  reconnaître que la Catalogne est une nation et instaurer un système fiscal plus avantageux.

Enfin, l’héritier de la Couronne sera également confronté à la volonté d’une partie de l’opinion à un référendum : mais selon un sondage, il semblerait que près des trois quart des Espagnols sont prêts à donner leur chance à Felipe VI.

JOL Press : Après les scandales de corruption qui ont ébranlé la couronne espagnole, comment est perçu Felipe VI dans la société espagnole ? Est-il prêt à devenir le nouveau roi d’Espagne ?
 

Bartolomé Bennassar : Pour l’instant, le prince Felipe n’a pas commis de faute. C’est un homme qui a plus de 40 ans et qui semble bien préparé. Il est très discret, comme l’était son père à ses débuts. Il a participé à tous les mouvements importants et parle parfaitement le Catalan.

Sa femme à l’avantage de ne pas être issue d’une dynastie royale et sa présence est appréciée des Espagnols. Il a donc ses chances, mais il n’en reste pas moins que toutes les fautes graves lui sont interdites. Bien qu’il ne soit pas responsable de la politique économique de son pays, il faudrait qu’il pèse dans ce sens, pour que les Espagnols sentent que l’on s’occupe d’eux.

JOL Press : Felipe VI pourra-t-il vraiment avoir un impact dans ce domaine, où son rôle est purement symbolique ?
 

Bartolomé Bennassar : Il ne peut évidemment pas avoir une grande influence sur ces sujets, mais il peut peser en ayant une influence sur les hommes politiques aux pouvoir, en leur faisant valoir que leurs intérêts coïncident finalement avec celui du roi. En effet, le Parti populaire a tout intérêt à ce que la monarchie ne soit pas contestée étant donné le tas d’autres problèmes que connaît Espagne aujourd’hui…La classe politique au gouvernement n’a donc pas besoin de se charger d’un problème constitutionnel en plus et d’une campagne de presse qui ferait perdre de vue les objectifs économiques et sociaux pendant la crise.

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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Bartolomé Bennassar est historien spécialiste de l’Espagne moderne et contemporaine.tten

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