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Gay Pride: «Cette Marche des Fiertés sera marquée par l’amertume et la colère»

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En 2013, la Gay Pride célébrait le vote de la loi sur le mariage pour tous (Photo: Shutterstock.com)

JOL Press : Cette année, le mot d’ordre est «Nos vies, nos corps, nos familles : plus de droits pour toutes et tous». Pourquoi avoir placé cette Marche des Fiertés sous le signe des familles ? 
 

Marjorie Monni : Un an après le vote de la loi Taubira, le compte n’y est pas.

Ce texte devait faire de l’adoption intrafamiliale pour les couples de même sexe une formalité. Ces dernières semaines, certains tribunaux ont rejeté des demandes d’adoption (formulées par l’épouse qui n’a pas porté l’enfant, ndlr) et d’autres les ont acceptées.

En cas de décès ou de séparation, les enfants peuvent être privés de leur autre parent du jour au lendemain. Nous réclamons une nouvelle loi qui sécurise les familles homoparentales. 

JOL Press : Qu’y a-t-il derrière la partie du mot d’ordre « Nos vies, nos corps » ? 
 

Marjorie Monni : Nous demandons l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle, qu’elles soient célibataires ou en couple (en France, la PMA n’est autorisée que pour les couples hétéros infertiles, ndlr).

Nous réclamons aussi une loi qui permette la simplification du changement d’état civil pour les personnes trans. Aujourd’hui, les décisions sont laissées au bon vouloir des juges. Certains font des demandes humiliantes, comme la stérilisation forcée ou la chirurgie obligatoire.

Plus généralement, il s’agit de continuer la lutte contre les discriminations – qui peuvent aboutir à des suicides – dans le monde professionnel, sportif et à l’école. A ce titre, l’enterrement des ABCD de l’égalité témoignent d’une faible volonté politique du gouvernement.

Autre enjeu, celui de la santé. Nous attendons une politique publique beaucoup plus ambitieuse contre le VIH/sida : 47% des nouvelles contaminations concernent des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Il faut une meilleure prise en compte de la santé sexuelle des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans, ndlr).

JOL Press : Le mot d’ordre de cette année peut sembler un peu fourre-tout… 
 

Marjorie Monni : En 2013, nos revendications étaient les mêmes, mais les perspectives étaient positives. La loi sur le mariage pour tous venait d’être adoptée et la PMA devait être intégrée au projet de loi sur la famille. Elle a finalement été passée à la trappe.

Les associations LGBT sont très remontées contre le gouvernement. De reculade en reculade, on se fait balader depuis un an ! Il y a un manque de courage de l’exécutif qui se laisse impressionner par des mouvements conservateurs. Cette Marche sera marquée par l’amertume et la colère. On continuera à se battre pour être entendu, car nos revendications sont justes.

Propos recueillis par Marie Slavicek pour JOL Press

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