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Grèce: Giannis Kotsos, entraîneur de l’équipe nationale des sans-abris

« L’équipe, c’est comme une deuxième famille pour chacun de nous, un environnement paisible et sain où chaque dimanche, pendant l’entraînement, on joue, on s’amuse, on oublie… Et, forcément, au moment de retrouver notre quotidien,  on est un peu nostalgique ». Giannis Kotsos n’a plus de domicile fixe et, pourtant, il est l’entraîneur de l’équipe nationale grecque des sans-abris.

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Cette sélection des sans-abris, c’est une équipe de football. Les joueurs n’ont pas de contrats mirifiques, ne vivent pas comme des stars. Grecs ou immigrés aux parcours chaotiques, ils sont tous SDF. Si les ligues locales amateurs dans lesquelles ils évoluent sont loin de la Champions’ League, ils ont tout de même leur « Mondial », la Coupe du monde des Sans-Abris.

Cette Coupe du monde est une idée de Mel Young, fondateur d’un journal de rue en Ecosse et d’Harald Schmied. Responsable de Caritas en Autriche. La première édition s’est tenu à Graz en 2003 et, depuis, près de 70 organismes nationaux les ont rejoints. La prochaine édition se tiendra du19 au 26 octobre prochains à Santiago au Chili

Giannis se réjouit déjà d’être de la fête…

Comme joueur, il a participé à la 7e édition, celle de Milan en 2009, et ne pouvait se résoudre à revivre de tels instants : « Chaque joueur ne peut participer à la Coupe du monde qu’une seule fois. Il y a, malheureusement, beaucoup de volontaires. Alors j’ai proposé d’aider l’entraîneur. On m’a formé et je devrais faire partie du staff technique à l’automne prochain. Quelle joie ! »

Désormais, l’équipe a pris une place considérable dans sa vie : « Au départ, je n’étais pas à l’aise, j’avais peur des étrangers, des gens différents, et de l’inconnu plus généralement. Quand j’ai intégré l’équipe, j’ai été surpris par le nombre d’étrangers, de personnes de couleur qui participaient aux entraînements. Au sein de cette équipe, j’ai appris à leur faire confiance et ils ont fait de même. Nos regards, le mien, les leurs, ont profondément changé ».

L‘initiative est considérée par la FIFA et les confédérations continentales, qui la soutiennent, comme « un symbole d’espoir ».

Métamorphose

Mais, pour Giannis, cela va encore plus loin : « Je suis devenu quelqu’un de responsable. En tant qu’entraîneur, je dois m’occuper de mes joueurs, du matériel et des déplacements autour du terrain ». Il reconnait qu’il lui a fallu du temps : « Certaines qualités ne ressortent pas du premier coup, mais plus lentement, pas à pas. L’équipe m’a aidé à devenir quelqu’un de respectueux. »

Il aime son équipe et le rôle qu’il y tient; c’est pour lui une mission tout à fait sérieuse. L’objectif commun, collaborer et coexister, et un sens de la sécurité, offre de nouvelles perspectives à ces hommes tombés dans une certaine marginalité. « Je dois guider et soutenir les joueurs. Il y en a certains qui ne mangent pas. Ils ont peur d’être chassés par des racistes ou que la police ne les attrape. Ils viennent à l’entraînement et parfois me racontent: ‘Coach, j’ai faim’. Et pourtant, ils sont là! D’autres s’endorment sur le banc de touche mais viennent quand même aux matchs. C’est la force de notre équipe. C’est le résultat de nos efforts. Ce groupe est un exemple à suivre. » Giannis ne cache pas sa fierté.

Les prochains challenges

Etre accepté par la société, c’est l’objectif principal. L’équipe les inspire et les motive : « Cette année nous avons participé à la « challenge league », un championnat d’équipes d’entreprises et d’associations. Un de nos buts était de s’intégrer, de rencontrer des personnes que l’on ne côtoie pas d’habitude. Gérer la colère, les fautes, les commentaires racistes (eh oui, ils existent!) est d’une importance cruciale pour les joueurs, et leurs espoirs de changer de vie. Nous voulons que les gens jouent contre nous sans préjugés… »

L’esprit d’équipe redonne la confiance en soi. Giannis l’a également ressenti : « Avant même de devenir entraîneur, je devais non seulement respecter les valeurs de l’équipe mais aussi inspirer mes coéquipiers. Quand j’y parvenais, j’avais le sentiment d’être un roi. Désormais je sais que je peux tout réaliser. L’équipe m’en a apporté la preuve. J’ai participé à une course de 21 km. Prochain objectif : un vrai marathon de 42 km! »

Et c’est quasiment certain, ce marathon, Giannis le finira.

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