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Iran-États-Unis: pourquoi les deux «ennemis» sont prêts à coopérer en Irak

17.06.2014 par La Rédaction

Entretien avec Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Iran.

Alors que l’Iran et les États-Unis se retrouvent cette semaine à la table des négociations sur le nucléaire iranien, la question de l’offensive jihadiste en Irak pourrait bien être évoquée en marge des discussions. Les deux « ennemis » seraient en effet prêts à coopérer pour aider l’Irak, tout en excluant une intervention armée sur son territoire. Une manière, pour l’Iran, de servir ses ambitions hégémoniques dans la région et de réduire l’influence de l’Arabie saoudite.

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JOL Press : L’Iran s’est dit prêt à coopérer avec les États-Unis pour aider l’Irak à combattre les jihadistes. Cette coopération entre deux pays « ennemis » est-elle envisageable ?
 

Bernard Hourcade : Les deux pays ne sont pas destinés à être des alliés ni des amis, mais ils sont confrontés tous les deux à une situation d’urgence sécuritaire imprévue, à savoir l’arrivée en force et la prise du pouvoir par des jihadistes en Irak. Or les Américains se souviennent des attentats terroristes du 11 septembre. Tactiquement, les deux pays sont donc contraints de trouver, dans un premier temps, une solution pragmatique – et non pas politique – à la crise.

JOL Press : Quelles sont leurs capacités d’intervention – directe ou indirecte – en Irak ?
 

Bernard Hourcade : L’Iran n’interviendra pas directement sur le sol irakien. Mais il a une influence politique considérable en Irak, notamment parmi les milieux chiites irakiens, les cercles politiques de Bagdad et parmi les Kurdes. L’Iran bénéficie donc de nombreux secteurs d’intervention, de même que les Américains, qui ont de leur côté des capacités d’intervention auprès des Saoudiens et des pétromonarchies arabes qui ont financé des jihadistes : ils peuvent inciter celles-ci à arrêter leurs soutiens et à enrayer l’influence jihadiste. Ce sont les deux seuls pays à pouvoir faire quelque chose aujourd’hui.

JOL Press : Quelle relation entretiennent aujourd’hui l’Iran et l’Irak ?
 

Bernard Hourcade : L’Irak est le principal partenaire économique de l’Iran depuis cinq ou six ans. L’Irak achète des produits de consommation, des voitures, frigidaires, télévisions ou produits pharmaceutiques à l’Iran. Les deux gouvernements, chiites, sont amis. Une forte coopération entre les deux s’est également établie sur le plan civil et il y a, depuis le départ des Américains d’Irak en 2011, une présence non pas militaire mais de sécurité des Gardiens de la révolution (Pasdaran) iraniens, et quelques centaines de conseillers militaires iraniens sont présents en Irak, à Bassora, Bagdad ou Souleimaniye.

JOL Press : Quel rôle pourraient jouer ces Gardiens de la révolution en Irak ?
 

Bernard Hourcade : Les Gardiens de la révolution n’ont pas d’activité militaire mais occupent une activité de renseignement, de présence et d’observation de la situation en Irak. Ils ont donc une bonne connaissance du terrain et pourraient effectivement donner un coup de main à l’Irak, non pas pour intervenir au sol – ce scénario est très peu vraisemblable – mais pour jouer le rôle de conseillers militaires, comme ils l’ont fait en Syrie. Ils ne sont pas une force militaire de combat même s’ils peuvent parfois y être impliqués. C’est avant tout une force de conseil et de stratégie. Si l’Iran et les États-Unis coopèrent, les forces armées iraniennes ne feraient donc que compléter une activité américaine qui serait de type aérien (drones par exemple).

JOL Press : L’aide de l’Iran à l’Irak pourrait donc servir ses ambitions hégémoniques dans la région…
 

Bernard Hourcade : L’Iran craint en effet l’encerclement saoudien. Depuis le départ des Américains d’Irak, l’Arabie saoudite veut prendre leur place dans la région. Les Saoudiens essaient de mettre en place des pouvoirs qui lui soient favorables pour contrôler l’Iran, grand pays peuplé de 80 millions d’habitants. Ce qui se passe aujourd’hui n’est donc pas une guerre entre chiites et sunnites, mais un conflit majeur entre Iran et Arabie saoudite.

Jadis, États-Unis et URSS alimentaient les conflits au Vietnam, Angola ou Liban. Aujourd’hui, les conflits sont régionaux. Qu’il s’agisse du Yémen, de la Syrie ou de l’Irak, ils sont le résultat d’une rivalité Iran/Arabie saoudite pour le contrôle de la région et pour une répartition des pouvoirs dans la région après le départ américain. C’est bien cela qui est en jeu aujourd’hui.

Les Iraniens sont donc prêts à coopérer avec les Américains en Irak pour trouver les moyens d’arrêter les jihadistes, en échange de quoi les États-Unis exhorteraient leurs alliés saoudiens à être plus raisonnables et arrêter le soutien aux jihadistes. Les deux pays se retrouvent ainsi à la table des négociations – sur le nucléaire en particulier – qui pourraient avoir des conséquences positives tout à fait surprenantes.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

——–

Bernard Hourcade est directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Iran. Il a dirigé l’Institut français de recherche en Iran (1978-1993) et l’équipe de recherche « Monde iranien » (1992-2003). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Géopolitique de l’Iran, Editions Armand Colin, 2010.

La Rédaction


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