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L’artiste Herlinde Koelbl photographie le visage de l’ennemi

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Des cibles militaires en Afghanistan (Photo: Pierre Thériault/Flickr)

Qui est mon ennemi ?

Cette question a été le fil rouge d’un travail artistique de 25 ans de la photographe allemande Herlinde Koelbl. Elle a parcouru 30 pays à la recherche des cibles des camps d’entrainement des militaires du monde entier. « Seule la Corée du Nord a refusé que je prenne des photos. Sinon, tous ont accepté », raconte l’artiste.

Elle confie que l’idée ne lui est pas directement apparue. Elle a d’abord pris ponctuellement des photos lors de nombreux voyages puis devant l’évolution du visage de la cible des camps d’entrainement elle a décidé de constituer une collection. Elle photographie alors des silouhettes en carton, des plaques métaliques ou encore des corps humains en sylicone. 

La « cible » militaire au cœur de l’exposition

Ce qui était intéressant selon elle était de voir comment elle a réussi à déplacer l’attention du public des armes aux cibles. Dans un milieu qu’elle qualifie de misogyne, les militaires étaient étonnés de prêter autant d’attention à ce qui était inévitablement amené à être détruit.

Le recours à la cible dans les camps d’entrainement s’est développé après la guerre du Vietnam. Depuis, « elle est le symbole de la violence et de la mort » considère la photographe. Elle est  aussi un formidable moyen de comprendre l’interprétation de la guerre.

Entre les militaires et la cible, pourtant, l’artiste décrit un énorme champ vide, ressemblant plus à un cimetière qu’à un terrain d’exercice.

L’évolution du « visage » de l’ennemi

A la suite de ce travail son verdict est sans appel : les ennemis ont tous pour fonction de transformer l’homme en meurtrier. Et c’est justement ce qui intéresse Herlinde Koelbl : en 25 ans, elle a vu évoluer cette cible, passant d’un militaire russe à un djihadiste armé pour l’armée américaine. Et en l’espèce c’est bien l’armée américaine qui réalise le portrait le plus précis de son ennemi.

Allant jusque faire un véritable scénario. Rien d’étonnant pour l’artiste, car plus la menace de guerre se concrétise plus la cible est réaliste. En revanche, pour les actions de sauvegarde paix, les cibles ne représentent pas de véritables corps mais juste une forme abstraite, « certaines cibles d’Allemagne et d’Angleterre étaient complètement démodées, on aurait dit qu’elles dataient de la Seconde Guerre mondiale », décrit l’artiste. 

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