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Le Débarquement vu d’Allemagne

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Cimetière américain de Colleville-Sur-Mer en Normandie. Crédit : Shutterstock

JOLPress : Comment Hitler et son état major ont-ils appris que le débarquement était en cours ? Quelle a été leur réaction ?
 

Benoît Rondeau : L’état-major a été prévenu au cours de la nuit par les troupes qui étaient à l’ouest face aux alliés. Hitler lui-même ne l’a appris que le lendemain vers 10h du matin. Il avait pour habitude de se coucher très tard et ses officiers n’étaient pas tout à fait sûrs de la nature des opérations en cours, si c’était un vrai débarquement ou non. 

Ça fait donc une dizaine d’heures qu’il y a des combats puisque les premiers aéroportés sont arrivés vers minuit. Toutes ces heures cruciales ont été perdues, ensuite il était beaucoup trop tard pour faire intervenir les divisions blindées notamment.

Hitler attendait cette confrontation avec les Alliés, le problème est qu’il n’imaginait pas que ce soit l’offensive principale, il attendait un autre débarquement dans le Nord Pas-de-Calais, ce qui va gêner l’envoi de renforts en Normandie pendant des semaines.

JOLPress : Quel a été le point de vue des simples soldats et de la population ?
 

Benoît Rondeau : Les soldats comme la population allemande attendaient cette bataille parce qu’ils savaient qu’elle était décisive pour remporter la guerre. Evidemment ceux qui ont vu le Débarquement en première ligne, ce spectacle incroyable de la mer couverte de navire, ont réalisé la puissance des alliés. Ils ont cru que leur dernière journée était arrivée. D’autres qui étaient en retrait étaient tout de même confiants et pensaient qu’ils avaient leurs chances. Ils ont combattu vainement en espérant que les renforts arriveraient. 

La propagande allemande s’est mise en place dès le lendemain du Débarquement en rassurant et en expliquant qu’ils n’avaient pas été du tout surpris. Donc la population attendait avec anxiété la victoire sur les Alliés. Une fois que la défaite a été consommée le moral s’est effondré. Tout le monde pensait qu’en battant les Alliés ils pourraient se concentrer sur le front de l’est et les Soviétiques.

JOLPress : Comment est abordée la question de la Seconde Guerre mondiale et du Débarquement en Allemagne ?
 

Benoît Rondeau : Les Allemands ont le souci de stigmatiser les horreurs du nazisme et de son système, de la Shoah. C’est plus important que les questions d’ordre militaire, qui rappellent la guerre de conquête qu’ont fait les nazis partout en Europe. Beaucoup de familles allemandes se souviennent des guerres à l’est où il y a eu beaucoup de morts. Avec le Débarquement en Normandie et la barbarie nazie, cela fait partie des grands souvenirs qu’ils ont essayé d’inculquer aux générations d’après-guerre. 

Parfois il y a des polémiques, comme dans les années 1990 où s’était tenue une exposition sur les crimes de guerre de la Wehrmacht. Parce que beaucoup s’étaient fait à l’image que seuls les SS avaient commis des crimes contre les juifs alors que d’autres étaient impliqués. Cela reste un sujet sensible, comme nous avec Vichy ou la guerre d’Algérie.

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