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Le «Sergent brésilien», l’excentrique supporter n°1 du Brésil

A l’occasion de la Coupe du monde 2014 au Brésil, JOL Press vous propose une série « Histoires de football », un tour du monde en portraits et récits courts mettant en exergue le rôle social et sociétale du sport le plus populaire au monde… Dans le cadre d’un partenariat avec Metronews, vous pouvez retrouver ces  Histoires de football » dans la version papier du quotidien gratuit Métro.

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Connu comme le loup blanc à Cuiabá, dans l’État du Mato Grosso au centre-ouest du Brésil, José Amorim, alias le « sergent brésilien », ne laisse personne indifférent. Depuis des années, il personnalise sa vieille Chevrolet des années 70 et soigne son look déjanté autant que son accoutrement farfelu. Nous le rencontrons sur une place très fréquentée du centre-ville. « J’ai commencé à customiser ma voiture en 2000, peu de temps avant de démissionner de l’armée. J’aime peindre et me suis dit : ce sera des tableaux ou ma voiture. J’ai opté pour la voiture, car on est souvent ensemble et c’est plus facile de la montrer aux gens. Il suffit de se balader en ville », raconte-t-il.

Passionné par son pays et la « seleção », le « sergent brésilien » choisit naturellement le jaune et le vert, deux des trois couleurs du drapeau national. Elles évoquent respectivement l’or à travers les ressources du sous-sol et la végétation, incarnée par la forêt amazonienne. « Il en a fallu du temps pour arriver à ce résultat, mais je n’étais pas pressé. Je travaillais petit à petit. J’achetais la peinture et les accessoires dès que j’avais un peu d’argent, ce qui me permettait d’avancer dans mon projet. Je n’ai pas pu débuter tout de suite après avoir acheté la voiture, car j’étais fauché. Elle m’a coûté 2000 reais – 660 euros – ce qui est beaucoup au vu de mes faibles revenus ».

Animateur-blagueur

La popularité de José Amorim semble indéniable dans les rues de Cuiabá. À intervalles réguliers pendant l’entretien, des badauds l’interpellent, le saluent, lui font la causette. Arrivent des supporters chiliens, qui, enthousiastes, scrutent avec admiration le travail minutieux du trublion. Ce dernier prend la pose pour une énième photo-souvenir. « J’adore rencontrer les gens d’ici ou d’ailleurs, les aider si c’est dans mes cordes, plaisanter avec eux. Vous pouvez compter sur moi pour assurer l’ambiance, notamment sur la place où est installé l’écran géant qui retransmettra les matchs, divertir les passants et faire la fête avec les « gringos ». On est très accueillant et chaleureux ici à Cuiabá, les touristes vont adorer séjourner dans le coin », affirme-t-il, l’air malicieux.

Il faut savoir que le « sergent brésilien » est célèbre dans le Mato Grosso, mais pas seulement. Des médias nationaux l’ont interviewé à plusieurs reprises et même le Ministère du Sport s’y intéressé, lui consacrant un article sur son portail internet.

Oublier les soucis, temporairement

La discussion est sur le point de s’achever quand José Amorim décide d’aborder un sujet brûlant d’actualité. « J’ai entendu beaucoup de gens contester la Coupe du monde et ils ont raison de critiquer les sommes colossales investies, alors que des secteurs essentiels sont délaissés, de s’insurger contre le détournement d’argent et les retards des travaux. Mais à l’heure actuelle, j’aimerais que les Brésiliens mettent provisoirement ces polémiques de côté, afin de profiter pleinement de ce formidable événement. Sortons pour nous amuser, rire, chanter, danser. Et célébrer la victoire finale du Brésil ». 

A 56 ans, le « sergent brésilien » a toujours la flamme et entend continuer à distraire ses compatriotes et les touristes de passage. La rumeur dit qu’il plancherait sur un nouveau projet. On en saura pas plus. José Amorim réajuste ses lunettes, arrange ses cheveux et prend congé. Il promet de revenir très vite.

Yanik Sansonnens

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