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Les revenus de la drogue et de la prostitution intégrés au PIB européen?

On aurait pu croire à une blague, mais non ! Pour doper la croissance dans les pays européens, il suffirait de prendre en compte l’argent de la prostitution et de la drogue. C’est ce que propose Eurostat, l’institut européen de la statistique, dans son nouveau système européen des comptes nationaux (SEC 2010) qui devrait entrer en vigueur en septembre 2014.

Une nouvelle recommandation européenne

Le SEC 2010, document de plusieurs dizaines de pages, détaille les composants à intégrer dans les statistiques de la comptabilité nationale afin que ces statistiques soient harmonisées en Europe et, ainsi, comparables entre les pays. Or, à ce jour, des pays comme l’Autriche, l’Estonie, la Finlande, la Norvège, la Slovénie, la Suède, l’Italie, la Grande-Bretagne et l’Espagne intègrent déjà les revenus de la prostitution et/ou de la drogue dans les calculs de l’activité économique, rendant ainsi les statistiques incomparables entre les pays européens.
 
Eurostat estime que le fait d’intégrer les activités illégales dans le calcul du produit intérieur brut (PIB) pourrait faire grimper les chiffres de la croissance en Europe. Effectivement, cela reviendrait à élargir la base de calcul du PIB. Néanmoins, cette nouvelle méthode de calcul aura une incidence sur la contribution de chaque pays au budget européen puisqu’elle est calculée en proportion de son revenu national brut (RNB).

La France reste réticente

Les États membres ont jusqu’au mois de septembre pour décider s’ils intégreront ou non les activités illégales dans leur comptabilité nationale. Si ce n’est pas le cas, ils devront alors procéder à une « double comptabilité » afin de se mettre en conformité avec les normes européennes. C’est d’ailleurs le cas de la France.
 
En effet, l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a indiqué, mardi 17 juin, que sa prochaine mesure du PIB ne prendrait pas en compte les activités illégales. Toutefois, l’Insee fait un geste sur la drogue. « Nous intègrerons le trafic de la drogue pour les besoins de la politique européenne, notamment pour l’établissement du revenu national brut en septembre prochain » a déclaré Eric Dubois, le directeur des études économiques de l’Insee lors d’une conférence de presse.
 
En ce qui concerne la prostitution, l’Insee et le gouvernement français sont plus que réticents« La prostitution n’est pas une activité commerciale librement consentie. Croire qu’elle puisse l’être est un parti pris idéologique, c’est un mirage et une offense aux millions de victimes de l’exploitation sexuelle à travers le monde » a écrit, dans un courrier adressé à la Commission européenne, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes.
 
Finalement, ont comprend que la France et les autres pays contestataires n’auront pas vraiment le choix et devront se plier aux exigences d’Eurostat. Néanmoins, ils ont toujours le choix d’intégrer ou non ces activités dans leur comptabilité nationale. On peut tout de même facilement imaginer que dans quelques années, plus aucun pays n’aura recours à cette « double comptabilité » qui est une perte de temps et d’argent. Reste à savoir comment évolueront les contributions au budget européen une fois que la Commission bénéficiera des nouveaux calculs du RNB.
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