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Les revenus de l’économie souterraine inclus dans le PIB français?

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Les 29 Etats de l’Union européenne ont jusqu’à septembre pour prendre en compte les revenus de l’économie souterraine dans leur PIB. (Photo:Brukselka/Flickr)

Une question légitime

La comptabilité des revenus des activités parallèles est logique pour Bruxelles car le PIB doit refléter au mieux la réalité de l’état économique du pays. Seule condition à la prise en compte de ces données: le consentement mutuel de l’une et l’autre des parties à la transaction.

Les divergences de législations à travers l’Europe rendent tantôt légales tantôt illégales ces différentes pratiques. Pour la Commission, il s’agirait donc d’uniformiser les méthodes de calcul des PIB dans l’Union et permettre une comparaison efficace.  Aucun débat sur la moralité de cette pratique ne semble donc avoir lieu d’être : seule compte la réalité des chiffres.

La France : dernier pays à résister

Plusieurs pays ont déjà accepté ce calcul : la Grande-Bretagne, l’Italie, la Suède et l’Espagne, cependant, la France demeure le principal opposant à cette comptabilité « amorale ». Et en l’espèce, ce désaccord est idéologique : l’INSEE compte maintenir la distinction qui existe entre les activités économiques licites et illicites. La France peine également à qualifier de « commun accord » la relation de dépendance qui existe entre un consommateur et un dealer de drogue.

En réalité, la France prend déjà en compte une partie du revenu de  la prostitution dans son PIB : Celle qui se déroule dans des locaux est considérée légale. Et c’est la « prostitution de la rue » que l’INSEE ne souhaite pas comptabiliser. Najat Vallaud-Belkacem avait déjà écrit à la Commission pour préciser que la prostitution n’était aucunement une activité commerciale librement consentie. Cependant, la France prendra ces chiffres en compte dans l’évaluation de son Revenu National Brut qu’elle rendra à l’Union-Européenne.

Cependant, ce débat idéologique n’a pas lieu d’être pour Bruxelles qui considère que ces unités sont à intégrer dans le calcul des richesses nationales, elles restent des opérations à part entière. 

Les effets attendus

L’effet principal de ce nouveau calcul sera l’augmentation du Produit Intérieur Brut. Par exemple, la Grande Bretagne attend une augmentation de 11 milliards de son PIB. Et le calcul est complexe : pour la prostitution il a fallu recenser les prostituées puis estimer les dépenses vestimentaires et la location des chambres. Une estimation qui peut sembler très approximative.

Ce nouveau calcul serait une véritable aubaine pour l’Italie, qui se bat contre une économie parallèle très importante. On estimerait que son PIB pourrait augmenter de 11%.

Mais la France ne pourra pas indéfiniment camper sur ses positions en refusant de « gonfler » son PIB. Mais surtout, toute comparaison avec d’autres états de l’Union européenne serait faussée. On a ainsi fort à parier que la France sera contrainte de comptabiliser ces nouvelles données.

 

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