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L’Europe toujours dépendante du gaz russe

Nouveau rebondissement dans la crise du gaz qui oppose Kiev à Moscou. Lundi 16 juin, la compagnie russe Gazprom qui fournit le gaz en Ukraine a annoncé l’introduction d’un tout nouveau système de prépaiement sans lequel les livraisons de gaz en Ukraine pourraient être interrompues.

Un arrêt de l’approvisionnement en Ukraine

Cette décision de Gazprom a été prise après l’expiration de son ultimatum dont l’échéance était fixée au lundi 16 juin à 10 heures, heure de Moscou. Cet ultimatum visait à ce que l’Ukraine rembourse une partie de sa dette évaluée à 4,5 milliards de dollars. Kiev n’ayant pas donné suite, Gazprom a donc décidé de ne plus livrer de gaz en Ukraine sans avoir été payé auparavant.

Dans un communiqué datant du lundi 16 juin, la société russe déclare qu’« aucun paiement pour juin n’a été effectué. À partir de ce jour, la société ukrainienne ne recevra plus que les volumes qu’elle aura payés ». Selon ce système, la compagnie gazière ukrainienne Naftogaz est dans l’obligation d’évaluer chaque mois en avance le volume qu’elle va consommer le mois suivant et doit ensuite le payer à Gazprom sans quoi, elle ne sera pas livrée.

Il y a quelques semaines les gouvernements ukrainiens et russes avaient engagé des négociations pour éviter une nouvelle crise du gaz, sans succès. En effet, l’Ukraine interprète les menaces régulières de Gazprom comme un moyen de pression politique. Kiev refuse toujours de payer tant que Moscou ne lui accorde pas une baisse du prix, qui est aujourd’hui un des plus élevés d’Europe : 485 dollars pour 1 000 mètres cubes, soit en moyenne 100 dollars de plus que dans les autres pays de l’Union européenne.

Une menace pour toute l’Europe

La question qui se pose est de savoir si l’Ukraine va devoir faire face à une rupture d’approvisionnement ? La décision de Gazprom n’arrive en tout cas pas au plus mauvais moment. La période estivale qui approche est celle où les besoins en gaz sont les moins importants, donc cela ne devrait pas être catastrophique pour Naftogaz.

De plus, depuis la crise du gaz de 2009 quand Gazprom avait décidé de fermer les robinets, l’Ukraine a changé sa manière de consommer. Tout d’abord les infrastructures ont été modifiées ce qui a permis de significativement augmenter les capacités de stockage. Les sources d’approvisionnement ont, pour leur part, était diversifiée. Néanmoins, c’est toujours entre 55 et 65% du gaz consommé en Ukraine qui est d’origine russe.

Cette décision qui s’adresse à l’Ukraine est aussi un moyen pour la Russie de montrer aux grandes instances européennes qu’elle dispose toujours d’un immense moyen de pression. En effet 39% du gaz et 33% du pétrole consommés en Europe sont d’origine russe. L’Europe est en train de chercher de nouveaux fournisseurs mais, pour l’instant, ils sont tous plus chers que Gazprom. Cela fait le jeu de Vladimir Poutine qui veut augmenter la dépendance de l’Europe vis-à-vis de Moscou. Nous disposerons de plus de réponses lors du sommet européen des 26 et 27 juin prochain où la question du gaz russe sera au centre des discussions.

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