Site icon La Revue Internationale

«Memory Lane» à la Galerie du Jour

En collaboration avec la Galerie sarajevienne Duplex100m², la Galerie du Jour Agnès b présente actuellement l’exposition Mémory Lane, réunissant des artistes originaires de toute la Bosnie-Herzégovine préoccupés de la transmission de la mémoire individuelle et collective.

Parmi eux : Gordana Andjelic-Galic, Igor Bosnjak, Lana Camajcanin, Jusuf Hadzifejzovic, Nela Hasanbegovic, Andrej Djerkovic, Ibro Hasanovic, Adela Jusic, Sejla Kameric, Milomir Kovacevic-Strasni, Aleksandra Nina Knezevic, Radenko Milak, Mladen Miljanovic, Damir Radovic, Lala Rascic, Nebojsa Seric-Shoba, Irena Sladoje, Alma Suljevic et Edo Vejselovic.

Inspirée par la phrase de professeur Paul Garde qui fut écrivain et grand connaisseur de Balkans : « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », l’exposition montre diverses approches artistiques choisies par Pierre Courtin, directeur de la Galérie Duplex100m². Il a quitté son centre culturel, installé sur les quais de Miljacka et est rentré dans son pays natal présenter l’avant-garde bosnienne à Paris. Lillois de naissance, le jeune homme qui vit à Sarajevo depuis plus d’une décennie est parti en 2004 étudier en Europe du sud-est, dans le cadre d’Erasmus.

Etudiant des Beaux-Arts, il a fondé d’abord la Galerie 10m² comme projet de fin d’études et décidé d’exposer les oeuvres de ses collègues. Saisi par le charme de la capitale bosnienne il y est resté. Avec l’aide précieuse de la créatrice de mode et cinéaste Agnès b, le kiosque de Pierre Courtin a radicalement changé et est devenu une galerie et un lieu de rencontres où se réalisent de nombreux projets culturels internationaux. L’ambitieux directeur nous a confié quelques sujets à venir:

Réunir des mémoires séparées de la Bosnie-Herzégovine est un geste très courageux mais également dangereux…

Pierre CourtinLes créateurs de l’Europe du sud-est ont une tradition artistique et historique en France, surtout dans la capitale. Montrer leurs réalisations récentes est un grand défi, réfléchi et mûri durant deux ans. Agnès b et moi, nous nous sommes concieusement jetés dans les eaux troubles, d’expressions artistiques d’un pays qui nous est très cher. Il s’agit de la plus grande projection d’art contemporain venu des Balkans.

Nous avons réuni des auteurs qui évoluent à Sarajevo, Banja Luka, Trebinje ou à Rijeka, ville croate mais aussi au Kosovo, à Berlin, New York, Nouvelle Orléans et Paris. Tous explorent la question de la mémoire. Le tire « Memory Lane » est emprunté de l’oeuvre d’Adéla Jusic et accentue cette mémoire bosno-herzégovienne basée sur les ruines d’une même histoire dont les mémoires sociales demeurent souvent très contradictoires.

La scène artistique risque de disparaître! Ceux qui la forment sont obligés de réagir. Nous aussi. La mémoire est devenue un pays de réserve qui double le pays réel et le réfléchit de multiples façons. Nos artistes ont été très jeunes pendant le conflit, ici ils montrent un double retournement de remémoralisation et de projection: la mémoire informe le présent et tout ce qui conditionne l’avenir comme le rappelle la phrase de professeur Garde.

Est-il possible dans les conditions actuelles de prévoir un avenir artistique commun en Bosnie-Herzégovine ?

Pierre Courtin : Il s’agit de proposer de nouvelles perceptions du réel en explorant ce qui le creuse : sa mémoire, ses images rémanentes, son refoulé. Des activités de mémoire que l’exposition veut donner à voir procèdent d’une singularité collective du même réalisme mosaïque. Des oeuvres rassemblées ne sont pas des jugements, ni des monuments aux morts ou des discours mémoriels…

Avez vous d’autres ambitions concernant l’exposition ?
 

Pierre Courtin : Oui. Nous voudrions la présenter dans toute l’Europe.

Quitter la version mobile