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Rwanda / RDC: pourquoi ce regain de tension?

17.06.2014 par La Rédaction

Entretien avec Amzat Boukari-Yabara, docteur du Centre d’études africaines de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Des tirs d’armes lourdes ont retenti, jeudi 12 juin, à la frontière entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), au lendemain d’affrontements entre soldats de ces deux pays. Le calme est revenu mais les armées ont renforcé leurs positions.

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Depuis 1994, Kigali accuse Kinshasa de continuer à protéger des milices hutues qui auraient participé au génocide rwandais (Photo: Shutterstock.com)
 
JOL Press : Historiquement, quelles relations entretiennent la RDC et le Rwanda ?
 

Amzat Boukari-Yabara : Les relations entre la RDC et le Rwanda étaient déjà complexes du temps du Zaïre de Mobutu. Depuis 1994, elles sont marquées par les conséquences du génocide rwandais dont l’un des effets a été la chute de Mobutu en 1997. Ces relations sont aussi marquées par la guerre par procuration que se livrent des puissances étatiques et non-étatiques (milices, multinationales…) dans les Kivu, ces régions orientales de la RDC riches en ressources minières et stratégiques. Cette situation de guerre dans l’est de la RDC est à l’origine de plus de six millions de morts et d’un nombre inimaginable de femmes violées et de graves exactions.

Le Rwanda de Paul Kagamé et l’Ouganda de Yoweri Museveni ont eu un rôle essentiel dans l’arrivée au pouvoir à Kinshasa de Laurent-Désiré Kabila en 1997. Ce dernier, assassiné en 2001, a été remplacé par son fils. Joseph Kabila peut voir dans les accrochages avec le Rwanda un moyen de rejeter les critiques qui le présentent comme un pion des Rwandais. Il s’agirait de montrer les muscles pour faire illusion. Ensuite, pour Kabila, qui est assez peu populaire à Kinshasa, le maintien d’un foyer de tension à l’est peut l’aider à créer les conditions politico-militaires pour briguer un troisième mandat en 2016, allant ainsi à l’encontre de la Constitution.

Depuis 1994, Kigali accuse Kinshasa de continuer à protéger des milices hutues qui auraient participé au génocide rwandais, mais la finalité de Paul Kagamé est de conserver un différend avec le Congo. La présence d’un voisin géant comme le Congo est toujours un prétexte utile pour justifier sur la scène intérieure un régime de plus en plus autoritaire. Même si son régime n’a pas accepté les conclusions des experts de l’ONU qui lui attribuent une responsabilité cruciale dans l’insécurité au Kivu, via le soutien à la rébellion du M23 («Mouvement du 23 mars»), Kagamé constate que ses parrains politiques occidentaux et les milieux financiers qui l’avaient aveuglément soutenu jusqu’à présent, sont de plus en plus distants face à sa politique extérieure agressive, dont le Congo – ou du moins l’annexion des Kivu – est bien la première cible.

Aujourd’hui, dans un climat diplomatique exécrable, les relations entre la RDC et le Rwanda souffrent d’une absence totale de confiance réciproque au niveau des exécutifs, au grand dam des populations de l’est du Congo. Cela permet à d’autres acteurs, notamment la diplomatie américaine menée par John Kerry, de tenir un rôle d’arbitre dans d’éventuels bouleversements ou renforcements à la tête de ces deux pays. 

JOL Press : Comment expliquer les récents accrochages à la frontière entre les armées des deux pays ? 
 

Amzat Boukari-Yabara : Les Forces armées de la RDC (FARDC) semblent avoir riposté à une provocation des Forces pour la défense du Rwanda (RDF), qui avaient l’intention de s’installer sur une colline de Kanyesheja, en territoire congolais. Dans l’analyse de la répercussion médiatique et de la chaîne de commandement militaire, il ne faut pas oublier l’importante distance qui sépare la capitale Kinshasa des régions de l’est, qui portent un poids historique et stratégique vital pour les deux pays.

Le Rwanda a besoin des ressources présentes sur cette partie du sol congolais pour maintenir sa croissance dépendante de l’économie de prédation des multinationales. Les Congolais cherchent à maintenir l’intégrité de leur territoire tout en protégeant les populations, notamment autour de la ville de Goma. A partir du moment où Kigali lorgne sur de nouvelles ressources, la remise en cause du tracé des frontières peut déboucher sur une escalade, d’autant plus que nous sommes aussi sur un espace frontalier très réduit, et surtout très militarisé, surtout du côté rwandais.

JOL Press : Quels sont les risques de voir la situation dégénérer ?
 

Amzat Boukari-Yabara : Il est toujours difficile de savoir précisément l’origine de tels accrochages qui s’inscrivent dans une situation d’insécurité générale et de tensions, mais également de propagande. Il est connu de source publique qu’à plusieurs reprises, des soldats rwandais ont mené des actions armées de part et d’autre de la frontière en s’habillant de treillis de l’armée congolaise pour faire porter les conséquences aux FARDC. Dans la description des récents échanges mortels, les plus graves depuis le début de l’année, les déclarations sont contradictoires puisque certains officiers congolais affirment ne pas avoir riposté tandis que des sources indiqueraient que les premiers tirs viendraient des FARDC.

La RDC reste officiellement dans une position défensive, mais Kigali a accusé les FARDC d’être entrées sur le territoire rwandais. Comme en octobre dernier où l’armée rwandaise avait tiré sur les FARDC pour empêcher leur offensive finale contre le M23, le Rwanda cherche à garder l’initiative. Si les FARDC s’engageaient à mener la guerre aux milices sur le sol rwandais, cela aurait des conséquences bien plus larges comme la relance des alliances militaires dans toute la région. Est-ce dans l’intérêt de Kagamé de pousser son voisin à la faute pour mieux endosser la posture de l’agressé ? Avec une franche impunité, le Rwanda peut aussi tester la capacité de réaction et le moral général des FARDC afin de mieux évaluer la force de son dispositif militaire.

Enfin, toute surmilitarisation de la frontière permettra l’éclosion ou la renaissance des traditionnelles milices qui peuvent relancer une guerre par procuration. Pour l’instant, en dehors d’une inévitable dégradation de la situation humanitaire et des conditions de vie de la population, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur ces échanges de tirs frontaliers. Même si des guerres ont éclaté pour moins que cela, il est peu probable que les armées de la RDC et du Rwanda entrent dans un conflit direct plus important. Cependant, il y a urgence à inventer un cadre de règlement d’une situation qui peut tout aussi bien dégénérer en fonction des bénéfices politiques que pourraient en retirer les principaux protagonistes.

La Rédaction


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