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JOLPress : Les soldes ont commencé ce mercredi 25 juin. Comment se fait-il qu’on nous propose d’ores et déjà des réductions aussi élevées alors que nous ne sommes encore qu’à la première démarque ?
Praticia Foucher : D’une manière générale, les consommateurs se voient proposer toute l’année des opérations promotionnelles. Il y a le phénomène des ventes privées, les périodes de soldes flottantes…le consommateur est quasiment en permanence sollicité par des réductions de prix. Les soldes venues, s’il se voit proposer -20% ou -30%, pour lui, ce n’est pas intéressant. Or, s’ils proposent des rabais de 50 à 70 %, voire 80%, les commerçants frappent un grand coup. Là, ça devient intéressant pour les consommateurs qui sont aujourd’hui, de plus en plus dubitatifs sur l’intérêt des soldes.
JOLPress : 71% des Français veulent faire leurs soldes en ligne. Peut-on faire confiance aux sites internet ? Y-a-t-il des pièges, des arnaques ?
Praticia Foucher : Pendant les soldes, beaucoup de consommateurs vont faire leurs achats sur Internet. Il y a deux conseils à communiquer aux consommateurs. Le premier concerne les prix. Ce n’est pas parce qu’un produit est dit « soldé » qu’il est forcément intéressant. Généralement, on n’a pas de référence par rapport au prix antérieur. En principe, les prix de référence devraient être consultables, mais dans une enquête récente de la Répression des Fraudes, il a été constaté que plus de la moitié des commerçants n’étaient pas en mesure de pouvoir justifier du prix de référence utilisé.
Le consommateur n’a donc aucune certitude que le pourcentage de réduction qui lui est proposé est tout à fait juste. Et puis, le prix c’est une chose mais autour d’un produit, il y a parfois des accessoires qui viennent s’ajouter. Par exemple, vous achetez une imprimante. Il va y avoir les consommables : cartouches, feuilles, une garantie des frais de livraison. Entre deux sites qui vont annoncer un même prix soldé, la différence va généralement se faire par-là, sur le prix des consommables. Il est donc pertinent de vérifier, de pouvoir comparer tous ces éléments, avant de se lancer.
Le deuxième point important est, qu’en ce qui concerne les soldes, comme pour tout achat sur internet, depuis le 14 juin dernier, le consommateur dispose d’un droit de retourner le produit dans les 14 jours à compter de la réception du colis. Que le produit soit soldé ou non, le consommateur peut changer d’avis. En principe, les frais de renvoi du colis au commerçant sont à la charge du client.
JOLPress : Les sites internet font-ils de la concurrence déloyale aux magasins ?
Praticia Foucher : Les achats sur internet ne font pas de concurrence déloyale aux magasins physiques. Souvent les enseignes mixent d’ailleurs les deux. Simplement sur internet, on peut acheter 24h sur 24, depuis 8h ce matin, heure de démarrage officielle des soldes. La grande différence c’est que sur internet, on va bénéficier de la possibilité de changer d’avis, du fameux retour sous 14 jours.
Dans une boutique physique, d’abord le commerçant peut refuser les essayages, et si ensuite la taille ne convient pas ou il y a un changement d’avis, il n’y a pas toujours possibilité de retourner le produit et de demander un avoir ou un remboursement. Ça n’est possible que si le commerçant le veut.
JOLPress : Cette différence de service ne tend-elle pas à faire évoluer les pratiques des magasins physiques ?
Praticia Foucher : Les magasins en droit, par rapport à la loi en matière de protection des consommateurs, ne sont jamais tenus de pratiquer le « satisfait ou remboursé ». C’est une mesure d’ordre commerciale. Un magasin peut très bien proposer tout au long de l’année le « satisfait ou remboursé », mais tout aussi bien décider de ne pas le pratiquer pendant les soldes. C’est tout à fait légale, à partir du moment où il en informe la clientèle. Après, bien évidemment, un certain nombre d’enseignes ou de commerces le pratique, encore une fois, pour des raisons commerciales. Mais ce n’est pas la règle. Et si le commerçant l’accepte, il peut tout à fait légalement proposer un avoir au consommateur et non pas un remboursement.
JOLPress : Y-a-t-il des cas où le « ni repris, ni échangé » peut être contourné ?
Praticia Foucher : Si vous achetez une paire de chaussures et qu’au premier essayage la couture craque complètement, il y a là un défaut de fabrication. Le commerçant, même s’il a affiché « ni repris ni échangé », doit alors le reprendre. Il faut savoir que si l’article comporte un défaut qui est vraiment, par définition, caché, le commerçant, en boutique comme sur Internet, doit respecter les garanties légales de conformité et de vices cachés.
Ces garanties permettent au consommateur de demander, suivant les cas, un échange, une réparation ou un remboursement de l’article dès lors qu’il est défectueux. Et il faut avoir l’œil, car si le défaut est apparent, comme un trou dans un vêtement, le commerçant n’est alors pas tenu de reprendre l’article…
JOLPress : Y-t-il des sites qui profitent de l’euphorie des soldes pour piéger les internautes ?
Praticia Foucher : Concernant les achats sur Internet, que ce soit pendant ou hors soldes, il y a quelques précautions à prendre pour éviter des effets d’aubaine. Il est important pour les consommateurs d’aller vérifier quelle est l’entreprise qui propose, avant de s’engager dans un achat. Regarder par exemple dans les conditions générales de vente l’identité de l’entreprise. Si on ne la connaît pas, il vaut parfois mieux laisser tomber plutôt que de se faire piéger par des arnaqueurs. Il est aussi essentiel de faire preuve d’un certain esprit critique. Par exemple, s’il y a 90% de réduction sur un site qu’on ne connaît pas, il peut être judicieux d’aller vérifier sur des forums les échos laissés par d’autres internautes.
D’une manière générale, solde ou pas soldes, on peut toujours se faire avoir par des escrocs. Il n’y a pas plus d’arnaques au moment des soldes, en tout cas pas à ma connaissance. Pour les repérer, il faut savoir que ce sont généralement des sites peu connus et qui proposent des réductions souvent plus qu’attractives. Quoi qu’il en soit, il y a toujours une attention à avoir lorsque l’on achète.