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Syrie: en décrétant une amnistie générale, Assad lâche-t-il du lest?

10.06.2014 par La Rédaction

Entretien avec Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient et spécialiste de la Syrie.

C’est la plus large amnistie décrétée par le président syrien Bachar al-Assad depuis le début du conflit en Syrie. Récemment réélu à la tête du pays après trois ans de conflit sanglant, le président a indiqué que cette amnistie générale intervenait « dans le cadre de la réconciliation et de la cohésion […] après les victoires de l’armée syrienne » sur le terrain.

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Lundi 9 juin, à la télévision d’État, le président syrien Bachar al-Assad a décrété une « amnistie générale » pour tous les « crimes » commis depuis le début du conflit en mars 2011. (Crédit photo: Evlakhov Valeriy / Shutterstock.com)

JOL Press : Bachar al-Assad a décrété lundi 9 juin une « amnistie générale » pour tous les crimes commis jusqu’à aujourd’hui. Qui cela va-t-il concerner ?
 

Fabrice Balanche : Cette amnistie, la plus large que la Syrie ait connu jusqu’à présent, concerne tous les prisonniers et les combattants rebelles qui désirent poser les armes. Les précédentes amnisties faisaient la distinction entre les terroristes et les autres : ceux qui avaient commis des crimes de sang étaient exclus de l’amnistie mais cette fois-ci, elle concerne tout le monde. Plusieurs types de prisonniers vont être libérés : ceux qui ne sont pas coupables de gros délits ou qui ont été emprisonnés à tort et dont les familles ont fait pression pour qu’ils soient libérés – parfois en versant de l’argent – et ceux qui ont commis des exactions et qui sont aujourd’hui prêts à travailler pour le régime.

JOL Press : La population craint-elle le retour de ces amnistiés ?
 

Fabrice Balanche : C’est plutôt le contraire : les amnistiés, qui auront donné des gages pour être libérés, pourraient en effet être victimes de vengeance de la part de la population civile ou de leurs anciens compagnons rebelles. Le camp de prisonniers d’Al-Andalous à Homs, par exemple, regroupe des rebelles qui se sont rendus et ont rejoint le régime, mais qui n’osent toujours pas sortir du camp par peur de représailles. Dans un contexte de guerre civile communautaire, le facteur de la vengeance ne doit pas être négligé. Certains amnistiés pourraient aussi devenir des indics de la police ou entrer dans l’armée.

JOL Press : Quel signe Bachar al-Assad envoie-t-il aux Syriens et à la communauté internationale en faisant ce genre d’annonce ?
 

Fabrice Balanche : Bachar al-Assad se présente depuis le début du conflit comme le seul capable de ramener la sécurité et de réconcilier les Syriens. Il poursuit donc cette stratégie, renforcé par le résultat de l’élection présidentielle où il a obtenu 86% des voix. Même si les chiffres sont à prendre avec des pincettes, on ne peut nier le fait que beaucoup de gens ont voté pour Assad parce qu’ils voulaient le retour de la paix et de la sécurité en Syrie.

C’est un sentiment partagé même par certains réfugiés syriens que j’ai pu rencontrer récemment en Turquie. Certains expliquaient être prêts à voter pour Assad si cela permettait de ramener la paix. Nous avons aussi interrogé des familles syriennes et parfois, lorsque les femmes parlaient sans leur mari, certaines disaient que les problèmes avaient commencé quand l’Armée syrienne libre [ASL, opposée à Bachar al-Assad, ndlr] était arrivée. Quand leur mari arrivait, leur discours changeait et devenait plus convenu.

JOL Press : La Turquie et l’Iran ont décidé de coopérer pour mettre fin au conflit syrien. Est-ce un effet d’annonce ou bien cela pourrait-il ouvrir une nouvelle phase dans le conflit, où les pays opposés se rallieraient ?
 

Fabrice Balanche : La Turquie est complètement débordée par l’afflux de réfugiés syriens sur son territoire : on compte un million de réfugiés, dont 300 000 dans les camps et 700 000 en dehors. Nous trouvons des familles aisées qui vivent correctement mais la grande masse se trouve dans une situation déplorable.

Depuis six mois et l’intensification des bombardements du régime au nord de la Syrie, notamment à Alep, une masse de pauvres gens vient s’agglutiner dans des camps informels à la frontière turco-syrienne, et des centaines de milliers de Syriens attendent toujours de pouvoir s’installer en Turquie. Les infrastructures turques sont débordées, et la Turquie ne veut plus construire de nouveaux camps. La situation est vraiment préoccupante.

Mais devant l’incapacité des rebelles syriens à renverser le régime, face à l’absence de coalition internationale pour faire tomber Assad et suite à l’avancée de l’armée syrienne sur le territoire, les Turcs semblent désormais revenir à une politique plus réaliste en arrêtant de jeter de l’huile sur le feu. En même temps, ce sont des gages qu’ils donnent à leurs principaux partenaires commerciaux, la Russie et à l’Iran.

La Turquie est aussi déçue par l’attitude de ses alliés de l’OTAN, notamment depuis septembre 2013 et l’abandon définitif d’une intervention militaire en Syrie par les Américains. La Turquie souhaite ainsi mettre un terme aux combats, comme l’a d’ailleurs récemment préconisé l’ex-envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi. Par ailleurs, la Turquie a mis le groupe Jabhat al Nusra [groupe jihadiste affilié à Al Qaïda, ndlr] sur la liste noire des groupes terroristes, et le Qatar a également appelé à un cessez-le-feu en Syrie.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

———-

Fabrice Balanche est maître de conférences à l’Université Lyon 2 et directeur du Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO). Agrégé et docteur en géographie, il a fait de nombreux séjours au Moyen-Orient depuis 1990. Spécialiste de la Syrie, il a publié en 2006 La région alaouite et le pouvoir syrien puis Atlas du Proche-Orient arabe en 2011.

La Rédaction


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