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UE: une représentation équilibrée des postes avec les pays de l’Est ?

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Photo DR Shutterstock

JOL Press : Peut-on dire que les pays de l’Est sont sous-représentés aux postes clés de l’Union européenne ?
 

Georges Mink : C’est une fausse représentation de ce qui se passe dans les institutions européennes. Il suffit de rappeler les noms des commissaires passés ou présents qui venaient de nouveaux pays membres : Spidla, Balazsz, Füle, Hübner, Lewandowski…Rappelons également qu’ils ont des portefeuilles non négligeables : budget, politique régionale, politique sociale, élargissement. En vertu des traités actuels (Lisbonne) chaque pays membre a un commissaire. Bien sûr les pays membres se livrent aux divers marchandages mais qui sont liés au poids des différents portefeuilles et les intérêts nationaux.

N’oublions pas non plus le Parlement Européen où ce qui compte surtout c’est la qualité personnelle des élus. C’est ainsi que Jerzy Buzek, ex-premier Ministre polonais, libéral, a été pendant deux ans Président du PE. 

Là où c’est plus compliqué c’est dans le domaine du fonctionnariat. Il y a un gap à rattraper via les concours ouverts à tous. Mais il y a aussi un savant dosage comme par exemple pour les postes d’ambassadeurs affectés par Madame Catherine Ashton, en charge du Service Européen d’action extérieure. Mais on peut par exemple dire que le concours pour le poste extrêmement exposé d’Ambassadeur à Kiev a été attribué à Jan Tombinski, un excellent diplomate polonais, grâce exclusivement à ses qualités, car – a priori – on aurait pensé qu’un Polonais aurait pu ne pas être assez objectif dans ce poste précisément, tenant compte des intérêts géopolitiques de la Pologne. Or, il n’en était rien. 

JOL Press : Quel est le rôle de pays tels que le Royaume-Uni, l’Allemagne ou la France dans le processus d’attribution ? Il y a-t-il un droit de veto ?
 

Georges Mink: Pour les postes principaux comme le Président de l’UE, la personnalité en charge de la diplomatie européenne, le chef de la commission, des tractations sont intergouvernementales. Et c’est malgré tout une lueur d’espoir qu’offre le traité de Lisbonne selon lequel la majorité élue au Parlement Européen aurait son mot à dire pour la Présidence de la Commission. On voit dans les impasses d’aujourd’hui provoqués surtout par les Britanniques, que la voix décisive revient aux Etats. Et il ne faut pas être naïf, les pays les plus importants par leur poids démographique et la richesse, si ils s’entendent entre eux peuvent emporter les décisions. A condition aussi de construire des coalitions efficaces.

JOL Press : Que pensez-vous de la représentation dans l’administration de l’UE des pays qui étaient de l’autre côté du rideau de fer ? Peut-on parler d’ostracisme ?
 

Georges Mink : Une fois dans l’administration, c’est malgré tout le professionnalisme qui compte même si certaines sur représentation nationales peuvent parfois jouer à la faveur de telle ou telle décision. Par ailleurs un certain déséquilibre entre les « vieux » et les « nouveaux » membres est en train d’être ajusté.

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