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Un siècle plus tard, retour sur l’assassinat de François Ferdinand

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L’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie par un nationaliste serbe, prêt à tout pour déstabiliser la région, ne tarde pas à embraser le monde ; 34 jours plus tard, l’Europe entre en guerre.

François-Ferdinand est devenu l’héritier de François-Joseph, sans y avoir été préparé, en quelque sorte par accident ou plus exactement dans des circonstances dramatiques : la mort de son cousin Rodolphe à Mayerling en 1889, puis celle de son père en 1896. Mort sans avoir eu l’occasion de donner sa mesure et de régner, François-Ferdinand se révèle une personnalité plus complexe qu’il n’y paraît. Connu pour ses coups de sang, l’homme est doté d’une incroyable énergie, affectionnant la vie familiale – il s’est en outre mis au ban de la dynastie en épousant une jeune femme bien au-dessous de sa condition.

Catholique conservateur, méfiant à l’égard des Hongrois et des Italiens, il s’est souvent prononcé en faveur de la paix, a tâché de moderniser l’armée et a suivi avec sympathie le renouveau artistique de l’époque. Enfin, il est convaincu de la nécessité de réformer la monarchie : François-Ferdinand, « l’homme qui aurait pu sauver l’Autriche » ?

Extrait de François-Ferdinand d’Autriche : De Mayerling à Sarajevo de Jean-Paul Bled (Éditions Tallandier, 2012).

Les 26 et 27 juin sont occupés par les manœuvres qui se déroulent à la satisfaction de François-Ferdinand. Pendant ce temps, Sophie a visité Sarajevo. Partout un accueil chaleureux lui a été réservé dans une ambiance apparemment détendue. Des lors, quel crédit accorder encore à ces rumeurs qui ont fait état d’un possible attentat ? Pourtant toutes les données du drame sont en place lorsque François- Ferdinand, accompagné de son épouse, arrive à Sarajevo en milieu de matinée le dimanche 28 juin. Entrés en possession de leurs armes quelques jours plus tôt, les conjurés se sont positionnés à différents endroits de l’Appel-Kai, qui borde la Miljacka, la rivière de Sarajevo.

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Afin de ne laisser aucune chance à l’archiduc, leur groupe a encore été renforcé de trois autres jeunes gens recrutés par Danilo Ilić. Ils sont donc maintenant au nombre de six échelonnés sur quelque 300 mètres le long du parcours qui doit être emprunté par le cortège officiel. Trouvant sans doute son explication dans le souci de ne pas indisposer la population par un déploiement excessif de forces, la légèreté du dispositif de sécurité prévu par les autorités va encore faciliter leur tâche.

Un premier attentat se produit sur le chemin de l’hôtel de ville ou l’archiduc et la duchesse doivent être reçus par les notabilités de la ville et de la province. Apres que les conjurés postés plus avant sur le parcours n’ont pas bougé, Nedeljko Cabrinović lance sa bombe sur la troisième voiture du cortège, celle ou François-Ferdinand et Sophie ont pris place avec le général Potiorek. La bombe rebondit sur la capote du véhicule, roule au sol et explose au passage de la voiture suivante, blessant le lieutenant-colonel von Merizzi, l’aide de camp du général Potiorek. François-Ferdinand est sorti indemne de l’attentat. Une fois encore, la cible visée a échappé à la main de son assassin.

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 Jean-Paul Bled est spécialiste des Habsbourg et de l’Autriche-Hongrie.

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