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Usine auto-gérée en Grèce: «Les intérêts de chacun sont protégés»

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JOL Press: Comment le projet d’auto-gestion de l’usine Vio Me s’est-il développé ?  
 

Theodoros Karyotis: Vio Me est une usine spécialisée dans la fabrication de matériaux de construction qui a été abandonnée par ses propriétaires en mai 2011. Quarante des travailleurs ont décidé de s’organiser en suivant une structure horizontale pour occuper l’usine, située dans  la périphérie de Thessalonique et ainsi empêcher les employeurs de fuir sans avoir payer les 1.500.000 d’euros de salaires et de compensations qu’ils devaient aux travailleurs.

En juillet 2012, après une année de discussions infructueuses avec le ministère du Travail, les travailleurs de Vio Me ont annoncé leur intention d’auto-gérer l’usine qu’ils occupaient. Une multitude d’initiatives ont alors emergé pour soutenir le projet.

JOL Press: Concrètement, comment fonctionne une usine autogérée par ses travailleurs ?
 

Theodoros Karyotis: Ici, tout le monde reçoit le même salaire, versé selon les heures travaillées. Les travailleurs de Vio Me essaient d’apprendre les compétences requises pour le bon fonctionnement de l’usine. Toutes les décisions – de la production quotidienne à notre bataille politique – sont prises collectivement lors d’assemblées générales. Ainsi, chaque matin, les travailleurs s’expriment lors d’une assemblée, et chaque semaine lors d’une « assemblée solidaire » qui aborde des thèmes divers et variés comme la collecte de fonds, ou encore l’organisation de mobilisations.

JOL Press: Quelles sont les principales difficultés auxquelles les travailleurs sont confrontés ?
 

Theodoros Karyotis: Il existe deux principaux obstacles : le premier concerne le cadre juridique qui permettrait à l’entreprise de fonctionner de manière officielle et d’élargir son réseau de distribution. Heureusement, nous sommes en train de résoudre ce problème avec la formation d’une coopérative de travailleurs.

La deuxième difficulté est liée aux anciens propriétaires, qui veulent mettre un terme au processus d’autogestion : ils sont actuellement en train de coopérer avec les autorités judiciaires et exécutives pour arriver à leur but. C’est un combat permanent… Heureusement, le mouvement de solidarité est fort et, jusqu’à présent, nous avons réussi à contrer toutes les attaques.

JOL Press: Quelles sont les limites d’une structure horizontale sans leader ?
 

Theodoros Karyotis: Evidemment, la prise de décision collective prend plus de temps, étant donné que nous organisons chaque jour des assemblées pour aborder les questions importantes et prendre des décisions. Tout ce processus collectif ne s’apprend pas en un jour… Apprendre à communiquer et à collaborer prend du temps. Mais je pense que ces décisions collectives permettent aux travailleurs d’avoir le contrôle de l’usine et les intérêts de chacun sont ainsi protégés.

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