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45 ans après le premier homme sur la Lune, la théorie du complot persiste

C’est sans doute l’un des événements du XXe siècle qui a suscité les plus grandes passions et provoqué les fantasmes les plus fous : le 20 juillet à 20h18 (heure américaine), l’équipage d’Apollo XI atterrissait sur la Lune, devant plus de 500 millions de téléspectateurs à travers le monde. Un véritable coup de maître des Etats-Unis dans sa lutte perpétuelle avec l’URSS, et un vibrant hommage à Kennedy, qui déclarait en 1961, deux ans avant sa mort : « We choose to go to the Moon » – Nous faisons le choix d’aller sur la Lune. Cependant, les premiers pas de l’Homme sur la Lune n’ont pas suscité que de l’émerveillement ; beaucoup sont les sceptiques qui crient au canular, au complot du siècle. 

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(Crédit : Shutterstock)

Tout est dans le détail

Dès 1974, cinq ans après l’alunissage, Bill Kaysing débute sa croisade pour dévoiler ce qu’il considère comme une mascarade. Lors de la mission, il était employé par Rocketdyne, une société sous-traitante de la NASA pour la fabrication des moteurs de fusées : « NASA et DIA (Defense Intelligence Agency) ont collaboré pour monter un canular, rendu nécessaire, selon eux, par la concurrence soviétique ». Ses arguments sont les suivants : on ne voit pas d’étoiles sur les clichés ; le drapeau américain flotte alors qu’il n’y a pas d’air sur la Lune ; il n’y a aucun cratère sur la zone d’alunissage. Enfin, Kaysing s’étonne que les astronautes aient pu traverser la ceinture de Van Allen sans encombre : ils auraient dû être exposés à des radiations, et « bouillir ».

4 ans plus tard sort le long-métrage « Capricorn One » de Peter Hyams. Cette fiction met en scène trois astronautes contraints par la NASA à effectuer la simulation de la découverte de Mars dans un lieu secret. Depuis, la liste des petits détails qui confirmeraient l’existence d’un canular s’est allongée. Et la solide foi dans l’exploit américain commence à faiblir, et ce même aux Etats-Unis.

20% d’Américains sceptiques

En 1999, un sondage Gallup Poll indique que 6% des Américains sont convaincus qu’aucun homme n’a marché sur la Lune. En 2013, ils sont 20% à s’en persuader. Comment expliquer cette tendance ? Une envie toujours plus vive de preuves irréfutables, ainsi qu’une détermination sans relâche des défenseurs de la théorie du complot. En 2002, William Karel monte de toutes pièces un faux documentaire, « Opération Lune », où l’on voit notamment Henry Kissinger et Buzz Aldrin délivrant de faux témoignages. L’intrigue de Karel stipule que Stanley Kubrick était chargé de mettre en scène l’alunissage. Un documentaire qui voulait donc prouver qu’avec les moyens à la disposition des chaînes de télé, on peut faire dire n’importe quoi à n’importe qui. Jacques Villain, historien de l’espace et présent lors de la création du documentaire se demandait à l’époque « si ce faux documentaire a démonté la théorie du canular ou si, au contraire, il l’a amplifiée ».

Depuis peu, la NASA a tenté de répondre à toutes ces accusations, mais pas sans une certaine maladresse. Aucune déclaration publique, quelques réponses sous la forme de communiqué – les étoiles ne brillent pas car leur éclat est trop faible, il n’y a pas de cratère puisque le module s’est posé en douceur… -, le désistement de l’historien James Oberg qui devait rédiger une série d’ouvrages célébrant les premiers hommes sur la Lune… La plus grosse bourde a lieu en août 2006, lorsque la NASA annonce avoir égaré les cassettes vidéo contenant les données télémétriques et l’intégralité de l’alunissage. Trois ans plus tard, elle déclare que ces enregistrements sont définitivement perdus.

Les Américains ont prévu un retour sur la Lune pour l’année 2020. L’occasion sans doute d’apporter des preuves visuelles irréfutables aux sceptiques de leur présence 50 ans auparavant. On peut pourtant se demander si cela suffira à calmer les ardeurs des adeptes de la théorie du complot…

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