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Bouygues passe la vitesse supérieure dans le fixe: bientôt le crash?

Bouygues Telecom perd des clients à vitesse grand V et après l’échec du rachat de SFR, c’est aujourd’hui Orange qui refuse un rapprochement. L’opérateur, en difficulté, joue finalement le tout pour le tout sur le marché du fixe, aux risques et périls des consommateurs, mais aussi du secteur dans son ensemble.

L’opérateur joue son va-tout dans le marché du fixe

Entre la fin du mois de décembre 2013 et la fin du mois de mars 2014, Bouygues Telecom a perdu pas moins de 79 000 clients. Une hémorragie qui dure depuis déjà plusieurs mois et qui place l’opérateur dans une situation de plus en plus difficile. Tant et si bien que la cession d’actifs semble aujourd’hui être la solution la plus cohérente. C’est cependant plus facile à dire qu’à faire et Martin Bouygues se retrouve de nouveau face à une succession d’échecs. Après des discussions avec Iliad, la maison-mère de Free, qui semble-t-elles n’ont mené nulle part, c’est l’opérateur historique Orange qui a annoncé le 2 juillet dernier avoir « exploré les possibilités de participer à une opération de consolidation du marché français des télécoms et [avoir jugé] que les conditions que le Groupe (Bouygues ndlr) avait fixées ne sont pas réunies (…) pour y donner suite ».

Désormais isolé, l’opérateur semble avoir décidé qu’il ne coulerait pas seul et relance son opération de cassage intensif des prix dans le marché de l’Internet fixe. À l’instar de son concurrent Free dans le marché mobile en 2012, le PDG de Bouygues Telecom, Olivier Roussat ne voit « aucune raison économique à avoir un prix de la fibre à 40 euros aujourd’hui ». Il passe donc à l’offensive avec un forfait à 25,99 euros et une nouvelle box baptisée « Miami ». Le but : que cette baisse des prix rapporte au moins autant à l’opérateur que celle qu’il a opérée dans l’ADSL en février dernier, soit un gain de 100 000 nouveaux clients au premier trimestre 2014.

« On fait des volumes et on gagne des parts de marché. La stratégie est payante, donc on joue ». Si Olivier Roussat garde le sourire, les experts et la concurrence ne voient pas d’un très bon œil cette « stratégie de destruction mutuelle assurée ». Les conséquences directes de cette opération ne choquent pas grand monde, mais les effets indirects sur le pouvoir d’achat des consommateurs dans le secteur sont clairement problématiques.

Une stratégie payante, mais pour combien de temps ?

Bouygues ne peut en effet pas ignorer qu’une baisse aussi drastique des marges des opérateurs dans l’Internet fixe va probablement avoir pour conséquence une augmentation des prix sur le marché mobile. Inutile en effet de compter sur Free pour garder des prix bas dans le mobile quand on sait que l’opérateur, s’il veut pouvoir concurrencer Bouygues dans le fixe, va devoir dire au revoir aux 42 % de marge brute opérationnelle qu’il dégage dans ce secteur.

Les résultats économiques pour Bouygues paraissent pour le moment concluants, mais il y a malheureusement peu de chance de voir l’opérateur sortir la tête de l’eau définitivement. En effet, s’il y a une chose sur laquelle s’accordent les experts et les acteurs du secteur lorsqu’il s’agit de l’avenir des télécoms, c’est que la convergence entre les télécommunications mobiles et fixes est inéluctable. Partout dans le monde aujourd’hui, le marché des télécoms se consolide grâce aux nouveaux modèles tarifaires qui en résultent. En France, le meilleur exemple est le rachat de SFR par Numericable. Le PDG du câblo-opérateur ne cesse de mettre en avant la convergence fixe/mobile comme seul avenir du secteur et les actions suivent les paroles. Grâce à SFR, la filiale entreprise de Numericable, Completel, qui ne proposait jusqu’ici que des offres d’Internet fixe, a récemment lancé 5 forfaits mobiles pour les entreprises. En se concentrant sur le marché du fixe, Bouygues risque d’en oublié le mobile et de se retrouver sur le banc de touche rapidement. Ceci, sauf s’il arrive à se rapprocher d’un concurrent.

Un passage à l’acte qu’attend Bouygues Telecom impatiemment. Si certains voient dans l’opération de Bouygues Telecom une simple stratégie kamikaze, il est également évoqué que l’opérateur soit en train de jouer le tout pour le tout pour consolider le marché des télécoms et finalement réussir à se faire avaler par Orange. Certes, l’opérateur historique n’a pas faim pour le moment, mais après plusieurs mois d’attentats économiques de Bouygues sur le marché du fixe, Orange pourrait bien changer d’avis afin d’assurer un retour à la normale du secteur. Un pari risqué pour Bouygues, qui, à en croire l’actualité de l’opérateur, ne met pour le moment en danger que ses employés.

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