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Budget, destinations, dernière minute…: les Français et les vacances

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Au programme cet été: des vacances plus courtes, un budget restreint et une majorité de réservations sur Internet. (Photo:Lucyliu/Shutterstock)

JOL Press: La part des Français qui ne partent pas en vacances a-t-elle évolué ces dernières années ?
 

Bertrand Reau: Ce qu’il faut savoir, c’est que depuis 20 ans, on a une relative stabilité autour de 60% de la population qui part en vacances. Ce taux de départ qui reste stable cache cependant des inégalités car la constitution même de cet indicateur ne permet pas de voir les différences de départ en fonction des catégories sociales.

En prenant une autre comptabilité, comme celle utilisée dans mon livre Sociologie du Tourisme (avec Saskia Cousin), où est représentée la part des différentes catégories sociales dans la population, on arrive à des chiffres de l’ordre de 1 à 6 entre les cadres et les ouvriers: c’est-à-dire que les cadres partent 6 fois plus que les ouvriers pour les voyages à l’étranger. A partir de ces chiffres, on voit nettement que des différences entre catégories se creusent ces dernières années.

JOL Press: Un quart des Français disent ne pas encore savoir s’ils partent en vacances. Comment expliquer ce phénomène de dernière minute ? Est-ce réservé à une élite qui peut se le permettre?

 

Bertrand Reau: Ce phénomène est complexe à décrypter. Il y a d’abord les vacanciers qui ne se prononcent pas car ils ont toujours l’espoir de partir à la dernière minute. Ce qui est fréquemment repris par des sites de voyages: on les incite à attendre le dernier moment. Mais là encore, il faut se demander ce que signifie « partir »: partir en weekend à côté de chez soi (dans un parc d’attraction par exemple) ne nécessite pas la même logistique que de s’aventurer à l’étranger… et ne concerne donc pas les mêmes catégories sociales.

JOL Press: 33% des personnes interrogées ont confié qu’elles partiraient moins longtemps en vacances que l’an dernier. Pourquoi ?

 

Bertrand Reau:  Pour les ouvriers et une fraction des employés par exemple, pour qui le départ est souvent unique dans l’année, on s’aperçoit que cette diminution du temps de vacances est à mettre en lien avec des contraintes budgétaires accrues. 

JOL Press : Enfin, beaucoup ont recours à des comparateurs de prix en ligne pour choisir leurs vacances. Pouvez-vous décrypter ce phénomène ?

Bertrand Reau: En réalité, il est surtout important de décrypter le recours à Internet dans son ensemble ; cela fait plusieurs années qu’il est un important moyen pour réserver ses vacances. En ce sens, les comparateur de prix font partie de l’outillage: c’est la recherche permanente du consommateur qui veut le meilleur « package » rapport qualité-prix.

Il faut être assez prudent par ailleurs, cela ne concerne pas non plus tous les vacanciers. On a ainsi beaucoup de personnes, notamment âgées, qui ne se servent pas d’Internet: elles n’en ont pas eu besoin dans leur vie professionnelle et ne l’utilisent toujours pas aujourd’hui. Evidemment, le phénomène de la réservation par Internet est amené à s’accroître. 

 
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