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Catherine Ashton, une chef de la diplomatie européenne controversée

02.07.2014 par La Rédaction
Catherine Ashton, une chef de la diplomatie européenne controversée

Entretien avec Sylvain Kahn, professeur agrégé à Sciences Po, où il enseigne les questions européennes et l’espace mondial.

Catherine Ashton a essuyé de nombreuses critiques depuis qu’elle est à la tête de la diplomatie européenne, notamment pour son manque de visibilité pendant les révoltes du Printemps arabe et lors de la crise ukrainienne. Quelques semaines avant la nomination du nouveau haut représentant pour la politique étrangère de l’Union européenne, quel bilan peut-on tirer de son mandat ?

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Photo DR Shutterstock

JOL Press : Que reproche-t-on à Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne depuis 2009 ?
 

Sylvain Kahn : Son action à la tête de diplomatie de l’Union européenne (UE) a été vivement critiquée. Catherine Ashton a hérité d’un poste très visible : on attendait qu’elle fasse des miracles. Elle s’est retrouvée avec un emploi du temps très chargé : elle a hérité à la fois de l’emploi du temps de l’ancien haut représentant à la politique étrangère, l’ancien commissaire aux relations extérieures, du premier vice-président de la Commission européenne… Cela fait beaucoup.

Il faut aussi rappeler que Catherine Ashton fait partie de cette première troïka du Traité de Lisbonne, désignée par des chefs d’Etat et de gouvernement qui ne souhaitaient pas que les trois postes de l’UE les plus importants soient confiés à des hommes et femmes politiques charismatiques : comme on a pu le constater avec Juan Manuel Barroso. Madame Ashton n’a jamais été diplomate. Politiquement, ce n’était pas une personnalité de premier plan au Royaume-Uni.

On a reproché à Catherine Ashton de ne pas avoir été assez visible, de ne pas avoir fait de grands discours, d’énoncer un horizon, d’indiquer un objectif pour essayer de contraindre les partenaires, collègues et concurrents au sein de l’UE à se positionner sur ses idées. Elle n’a pas réussi à déterminer un objectif ni à faire passer des idées.

Enfin, on ne peut pas non plus dresser le bilan du mandat de Catherine Ashton Catherine Ashton sans mentionner qu’elle est la seule femme parmi ceux qui ont un poste éminent au sein des institutions européennes – président de la Commission, président du Conseil européen, patron de la BCE, et la haute représentante pour la politique étrangère :  un milieu dur avec les femmes, comme on avait pu le voir lorsque Edith Cresson était commissaire.

JOL Press : Son manque de visibilité pendant les révolutions du Printemps arabe et encore aujourd’hui pendant la crise ukrainienne nourrissent les critiques à son égard. Est-ce justifié ?
 

Sylvain Kahn : Lors des révolutions du monde arabe, Catherine Ashton a loupé un certain nombre de coches. Mais elle fut loin d’être la seule. Elle est d’ailleurs assez représentative des leaders européens qui ont tous été à la traîne sur cette question.

Concernant la question de la crise ukrainienne, la politique européenne a mené à l’accord d’association avec l’Ukraine, il a été signé à Bruxelles il y a quelques jours. Evidemment, on ne peut pas affirmer que cela soit un succès à 100% : la Crimée a été annexée par la Russie à la suite d’élections truquées et il y a la guerre dans le sud est. Mais, dans une situation compliquée où les Etats européens n’étaient pas tous d’accord entre eux, l’Union européenne a tout de même réussi à garder le cap. Catherine Ashton y est bien pour quelque chose ! 

Catherine Ashton a par ailleurs gagné du crédit lors de son rôle clé dans les négociations avec l’Iran sur le nucléaire : elles ont débouché sur un accord dont on dira, s’il se confirme, qu’il est historique. Enfin, elle a tout à fait poursuivi et incarné la politique de l’UE dans les anciennes républiques de Yougoslavie, favorisant le dialogue entre la Serbie et le Kosovo.

JOL Press : Le pouvoir du chef de la diplomatie européenne est-il limité ?
 

Sylvain Kahn : A l’époque de la Convention, on parlait d’un « ministre des affaires étrangères européen » : un poste assez complexe qui a été repris dans le traité de Lisbonne, alors que sa création ne correspond pas à une évolution vraiment significative des compétences de l’Union européenne dans les affaires étrangères.

Catherine Ashton a, à la fois, la casquette du haut représentant et celle du commissaire aux relations extérieures. Son poste est ainsi beaucoup plus visible, et par conséquent, beaucoup plus exposé aux déceptions causées par ses compétences très encadrées du fait que les Etats membres veillent jalousement sur la politique étrangère de l’Union européenne. Il était plus facile pour M. Solana, l’ex « Monsieur Pesc », d’être crédité d’un bon bilan, puisqu’on attendait beaucoup moins de lui.

JOL Press : Que faut-il retenir de la création du Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE), l’objectif numéro un de Catherine Ashton ?
 

Sylvain Kahn : Procéder à la création d’une nouvelle administration en fusionnant les administrations pré-existantes du Conseil et de la Commission n’est jamais facile… C’est un vrai dossier de management, de ressources humaines et de fusion, sur lequel il n’y avait que des coups à prendre, d’autant plus que Catherine Ashton n’était pas du sérail.

La Cour des comptes européenne vient de publier un rapport sur le Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE) estimant qu’il n’était « pas la hauteur de son potentiel ». Certes le rapport n’est pas tendre, mais la Cour est dans son rôle, et on a déjà vu des rapports bien moins tendres.

JOL Press : Catherine Ashton n’a-t-elle vraiment aucune chance d’être reconduite ? Le nom du ministre polonais des affaires étrangères, Radowslaw Sikorski, a souvent été évoqué pour prendre la succession de Madame Ashton : un scénario plausible selon vous ?
 

Sylvain Kahn : L’image de Catherine Ashton étant controversée, elle ne devrait pas être reconduite. De toute façon, le Premier ministre britannique David Cameron va nommer à la Commission quelqu’un proche de ses idées politiques, et certainement pas un ou une travailliste.

Je pense que la nomination du ministre polonais des affaires étrangères est à tout à fait possible. Il s’agira du deuxième tour de nomination depuis le traité de Lisbonne et il serait bienvenu que les postes en question ne soient pas trustés par les pays de l’UE à neuf ou de l’UE à douze. Il y a 28 pays dans l’UE : la nomination d’un pays de l’élargissement de 2004 ou 2007 à l’un des quatre postes clés serait un très bon signe. Cela ferait sens qu’il soit issu de la classe politique de Pologne, car ce pays est en première ligne dans les relations très compliquées avec la Russie, encore plus aujourd’hui avec la crise ukrainienne.

 

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

————————–

Sylvain Kahn est professeur agrégé à Sciences Po, où il enseigne les questions européennes et l’espace mondial. Il est l’auteur d’une Histoire de la construction de l’Europe depuis 1945 (PUF – 2011).

La Rédaction


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