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Club Med: retour contestable et contesté de Trigano aux affaires?

Alors que le duo Ardian-Fosun avait lancé une offre d’achat qui semblait ficelée pour accompagner l’évolution du Club, l’actionnaire majoritaire Andrea Bonomi a répliqué en proposant une contre offre d’achat supérieure à celle du tandem franco-chinois. Pire, il s’est attaché les services de Serge Trigano, rappelant les turbulences traversées par le Club dans les années 1990.

Une offre discutable

L’italien Bonomi n’avait pas besoin de ça. Son offre d’achat controversée suffisait pour ne pas avoir besoin de se tirer une nouvelle balle dans le pied en ramenant aux affaires Serge Trigano, fils du fondateur du Club. Alors que les quelques intentions connues de l’italien ne portent déjà pas vers l’optimisme, le passé de Serge Trigano –futur président non exécutif, tout de même !- ne plaide pas en sa faveur.

Pire, il annonce presque la catastrophe. Trigano au Club Med, cela ressemble à du déjà vu. Un mauvais souvenir en somme, que l’on préfère oublier. Mais puisque l’histoire est sur le point de se répéter, un petit rappel des faits semble s’imposer. Entre mensonges, mauvaise gestion et mauvaises prévisions, le règne de Serge Trigano sur le Club des années 1993 à 1997 aura été des plus chaotiques.

Des pertes inégalées

L’histoire de Serge Trigano au Club est d’abord et avant tout celle des plus larges pertes enregistrées par le groupe de vacances. Rappelons déjà simplement qu’entre 1995 et 1998, le Club a perdu 743 millions de francs. Dans le détail, l’histoire pourrait presque porter à sourire : Serge Trigano affirmait haut et fort en septembre 1996 que l’objectif des 400 millions de francs de bénéfice pour 1997 était toujours en vue. Un mois après, le Club annonce dans un communiqué que les résultats de 1996 vont baisser.

Dans le même temps, les actionnaires commencent à grogner. Alors que Trigano leur faisait régulièrement miroiter des profits, qu’il promettait à cor et à cri 2 millions de clients pour le Club en l’an 2000, l’action du Club chute de 17% en une seule séance. Les différences entre les prévisions et les résultats ne laissent aucun doute, Patrick Bonazza et Hervé Bentégeat affirmaient dans Le Point de l’époque que « Serge est un amateur… Bon commercial, bien imprégné du produit Club, mais piètre gestionnaire ».

Ce bilan a de quoi inquiéter, d’autant plus que Trigano ne compte pas se contenter d’un rôle anecdotique, lui qui affirme ne pas s’imaginer « en actionnaire marginal ». « J’entrerai au capital avec mes fils. Je regarde vers l’avenir et je suis convaincu qu’avec Investindustrial et les Bonomi, nous allons à nouveau faire du Club une marque cool et attractive, quel que soit le nombre de Tridents ». De la casse en perspective.

Une action irréfléchie

Pourtant, tout semblait aller pour le mieux au Club Med. Ayant ciblé les manques du groupe, ayant identifié les modèles économiques à suivre pour développer le Club et le faire évoluer parallèlement aux nouveaux besoins, Henri Giscard d’Estaing avait établi une stratégie de montée en gamme, garantissant la viabilité économique du Club. Dans le JDD, Trigano balaye tous ces projets d’un revers de la main, affirmant que l’offre de Bonomi « offre au groupe des perspectives qui ne sont pas que chinoises et haut-de-gamme ».

Mieux, fort de son expérience ô combien glorieuse, Trigano fera l’honneur à l’Italien « d’accepter la présidence non opérationnelle (…) en lui apportant (sa) vision stratégique ». Ces semaines sont donc préoccupantes pour l’avenir du Club. Si le management et le personnel accordent leur préférence à l’offre d’Ardian-Fosun, rien ne dit que ce duo va relever son offre.

Le conseil du Club Méditerranée se réunira de toute façon ce vendredi 25 juillet pour se prononcer sur la contre-offre d’Andrea Bonomi. C’est à cette occasion que l’Autorité des marchés financiers (AMF) publiera l’avis de conformité de cette nouvelle offre, sauf en cas de surenchère d’Ardian-Fosun.

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