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Comment la NSA a espionné des Américains musulmans haut placés

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Des manifestants rassemblés à Washington à l’appel de l’association Stop Watching Us pour lutter contre les pratiques de la NSA. Crédit : Shutterstock

Peu importe leur profession, leur place dans la société et qu’ils aient largement démontré leur patriotisme. Après les attentats du 11 septembre 2001, l’heure était plus à la paranoïa des agences de renseignements américaines et chaque musulman considéré comme un possible terroriste.

Dans un document diffusé par l’ancien membre de la NSA Edward Snowden et analysé par The Intercept, cinq noms de personnes surveillées en raison de leur religion et de leurs origines ressortent particulièrement.

Conseiller pour la sécurité intérieure

Faisal Gill a été surpris et choqué d’apprendre que ses boîtes mails AOL et Yahoo! étaient sous surveillance alors qu’il était candidat républicain à la Chambre des Délégués de Virginie. De 2001 à 2005, il a même été conseiller spécial au Département de la Sécurité Intérieure (Department of Homeland Security) et avait une autorisation d’accès à des documents top secrets. Il travaillait à la Maison Blanche, au plus proche du président Georges W. Bush. Interrogé par The Intercept il a déclaré, écoeuré, qu’il ne comprenait pas : « J’ai tout fait dans ma vie pour être un patriote. J’ai servi dans la Navy, dans le gouvernement, j’ai été actif dans ma communauté – j’ai fait tout ce qu’un bon citoyen doit faire à mon sens. »

Parmi les autres cibles de cette surveillance, Asim Ghafoor, un avocat qui a défendu des clients dans des affaires de terrorisme, Hooshang Amirahmadi, un Américano-Iranien professeur de relations internationales à la Rutgers University, Agha Saeed, un professeur de sciences politiques à la California State University qui milite pour les droits civils des musulmans et des Palestiniens et Nihad Awad, le directeur exécutif du Conseil des Relations Americano-Islamiques.

Surveillance illégale

Ils étaient tous nommés dans une liste appelée « FISA recap » pour Foreign Intelligence Surveillance Act (traduction : Loi sur la Surveillance et le Renseignement Etranger). Cette loi permet au gouvernement de mettre sous surveillance une personne suspectée d’être agent d’un groupe terroriste ou d’une puissance étrangère. Pour obtenir cette autorisation, une cour de justice spéciale doit examiner la requête qui doit être renouvelée tous les 90 jours.

Comme le document le prouve, cette surveillance a été étendue bien au delà de cette limite, ce qui signifierait que la NSA agissait en tout illégalité. Mais ce qui frappe le plus dans le document qui comprend 7 485 adresses email de 5 501 personnes dont 202 Américains, c’est l’absence totale de raisons qui auraient pu faire figurer leurs noms aux côtés de ceux de véritables terroristes.

Il n’y en a tout simplement aucune, le cas de Faisal Gill étant le plus marquant puisque pour exercer son rôle à la Maison Blanche pour l’administration Bush, il a fait l’objet d’enquêtes approfondies des services du Département de la Sécurité Intérieure sur son passé.

Cette chasse aux sorcières comparée par certains à la période noire du Maccarthisme d’après-guerre pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le gouvernement américain. Les victimes de ces écoutes pourraient se lancer dans un procès et réclamer des sommes colossales. Pour le moment, le Département de la Justice ainsi que le Directeur du Renseignement Intérieur ont déclaré qu’ils avaient agi parfaitement légalement et qu’ils ne se sentaient nullement menacés par ces révélations.

Ils n’ont pas non plus démenti le fait qu’un ancien conseiller à la Maison Blanche avait été placé sur la même liste de surveillance que des terroristes.

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