« Je ne peux pas critiquer parce que du point de vue palestinien, si l’on critique le Hamas, c’est que l’on soutient Israël » expliquait-il dans le documentaire « Fini de rire ». Ses dessins lui ont valu les menaces du Hamas et de nombreux mois sous les barreaux. Khalil Abu-Arafeh, caricaturiste palestinien publie ses dessins depuis 1994 dans le journal Al-Qods dont les bureaux sont situés à Jérusalem-Est, territoire sous occupation israélienne. Il revient sur la mission du caricaturiste et les tabous auxquels il est aujourd’hui confronté.
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JOL Press : Quel est le rôle du caricaturiste selon vous ?
Khalil Abuarafeh : Le rôle du caricaturiste, à mon avis, est de mettre en évidence les contradictions dans les attitudes politiques de manière cynique en utilisant la ligne, les symboles et les outils des arts-plastiques.
JOL Press: Quel est le principal tabou auquel vous êtes confronté ?
Khalil Abuarafeh : Rire de la religion est tabou dans la culture arabe. Avant, il était interdit de se moquer des groupes religieux islamiques. Depuis les révoltes du printemps arabe, il est possible de s’attaquer à cette question. Mais encore aujourd’hui, il est plus facile de critiquer la politique d’un groupe ou d’un parti que de critiquer la religion.
JOL Press : Les bureaux de votre journal « Al-Quds » sont situés à Jérusalem Est. Quelles sont les difficultés que cela implique dans votre travail de caricaturiste ?
Khalil Abuarafeh : La difficulté est de savoir réaliser une caricature qui puisse exprimer mes pensées et mes idées tout en s’assurant qu’elle puisse être publiée dans mon journal, en sachant que les locaux de mon journal « Al-Quds » sont situés dans la partie Jérusalem-Est, sous occupation israélienne. Il y a donc une certaine contradiction dans le fait de réaliser des dessins palestiniens et ce, en vertu des lois de l’occupant.
Il est en tout cas impossible de rester neutre dans ce conflit. Il est impossible de rester neutre quand on est témoin du massacre qu’Israël commet contre mon peuple, contre les personnes âgées, les femmes et contre les enfants.
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JOL Press : Vos dessins vous ont-ils valu les représailles du Hamas ?
Khalil Abuarafeh : Oui, en effet, j’ai été la cible du Hamas lorsque j’ai publié plusieurs caricatures quand il a pris le pouvoir à Gaza en 2007. A ce moment, le Hamas pensait qu’il était le représentant d’Allah sur Terre et qu’il était totalement interdit de le critiquer. Après 7 ans au pouvoir dans la bande de Gaza et après leur échec, le Hamas est devenu plus réaliste.
Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press
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Khalil Abu-Arafeh est un dessinateur palestinien. Il est né à Jérusalem et a étudié l’architecture à Kiev. Depuis vingt ans, il dessine pour Al’quds, un quotidien de Jérusalem Est. Il est également membre de Cartooning For Peace.
