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Conquête d’une exoplanète: mode d’emploi

Comment l’Homme pourrait-il s’installer sur une exoplanète ? C’est la question que s’est posé Cameron Smith, professeur d’anthropologie à l’université de Portland, dans l’Oregon (USA). Ses conclusions sont pour le moins dantesques : un équipage gigantesque, un trajet long de 150 ans… Une entreprise aux allures d’odyssée, et dont les conditions semblent – pour le moment – totalement irréalisables. 

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(Crédit: Shutterstock)

Tout d’abord, un rappel : l’intérêt de coloniser une exoplanète réside dans sa similitude avec notre planète Terre. En effet, une exoplanète est une planète qui appartient à un système solaire différent, qui tourne autour d’une autre étoile que le Soleil. Il s’agirait donc de trouver une « jumelle » de la Terre, où l’atmosphère serait vivable. Une fois un tel environnement découvert, le plus dur sera à venir : envoyer un échantillon d’humanité à travers la galaxie.

Et 150 ans plus tard…

Qui dit exoplanète dit longue traversée de l’espace… Très longue. Il faudrait en effet 150 ans au vaisseau pour atteindre sa destination ! Et pour cela, la vitesse de l’appareil devra équivaloir à, au moins, un dixième de la vitesse de la lumière, soit 30 000 kilomètres par seconde… A l’heure actuelle, l’engin spatial le plus rapide que l’Homme soit capable d’envoyer dans l’espace est le satellite Hélios – prévu en 2018 – qui atteindra les 720.000 kilomètres… en une heure.

Le problème de la célérité réglé, un autre chantier s’ouvrira pour les ingénieurs de la NASA : construire un vaisseau-mère capable d’engranger un équipage pouvant assurer la survie de la race humaine après plus de 150 ans de voyage. Une véritable colonie intergalactique, dont l’effectif varierait entre « 20 000 à 40 000 êtres humains » selon Cameron Smith. A titre comparatif, la capacité maximale du palais omnisport de Paris-Bercy est de 18 000 places. Plus qu’un vaisseau, c’est une ville flottante qu’il faudra bâtir.

Pourquoi le projet nécessite-t-il autant d’Hommes ? Toujours d’après Smith : « Ce nombre maintiendrait une santé correcte sur cinq générations malgré un accroissement de la consanguinité résultant d’une relativement faible population humaine ». Un grand nombre pour pérenniser assurément la colonie, mais aussi pour survivre à d’éventuelles épidémies pendant l’odyssée. 

L’équipage aurait donc pour mission de se reproduire et de survivre à un voyage qui durerait l’équivalent de cinq générations. Deux cents spécialistes de l’espace seront par la suite nécessaires pour permettre à la colonie de perdurer sur l’exoplanète. Et c’est peut-être l’information la plus intrigante de ce rapport : en effet, pour que deux cents spécialistes puissent arriver sains et érudits à destination, une cinquantaine devra monter à bord du vaisseau, et y propager leur savoir avant de mourir ; sans avoir l’occasion de contempler l’étoile à laquelle ils auront consacré leur existence.

En résumé : Une épopée de 150 ans, à bord d’un vaisseau contenant 20 000 à 40 000 passagers, et dont la vitesse devra atteindre les 30 000 kilomètres par seconde. Les passionnés de science-fiction peuvent donc pousser un long soupir de déception : l’Homme ne risque pas de coloniser une planète lointaine avant de longues années. 

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