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Conseil européen: le grand mercato des postes clés

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Qui pour remplacer Herman Van Rompuy à la présidence du Conseil européen ? (Photo: Shutterstock.com)

JOL Press : Quels sont les enjeux de ce Conseil européen ?
 

Pascal Fontaine : Les Vingt-Huit devraient définir les grandes orientations macroéconomiques de l’Europe. D’un côté, les pays méditerranéens, menés par le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, plaident pour une politique de relance. D’un autre côté, les Etats partisans de l’ordolibéralisme allemand veulent maintenir l’effort de rigueur.

Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission, devra se prononcer sur cette question clivante. L’ex-Premier ministre du Luxembourg devrait poursuivre la politique de Barroso qui passe notamment par une baisse des dépenses publiques. Une chose est sûre : les Allemands n’accepteront pas une remise en cause de la stratégie de sortie de crise.

Les dirigeants européens devraient aussi discuter des personnes qui occuperont les postes de président du Conseil européen, en remplacement de Herman Van Rompuy, et de Haut représentant pour les affaires extérieures, à la place de Catherine Ashton

JOL Press : Comment ces choix vont-ils s’opérer ? 
 

Pascal Fontaine : Le mercato européen est extrêmement complexe. Cela m’étonnerait beaucoup que les Vingt-Huit prennent une décision mercredi. La désignation de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission n’est pas vraiment surprenante puisque le Conseil européen doit désormais tenir compte du résultat des élections européennes.

En outre, il fallait choisir le successeur de Barroso relativement vite puisque les auditions de la Commission par le Parlement européen sont prévues en septembre. Le nouveau collège des Commissaires pourrait être présenté fin juillet. Le choix du futur président du Conseil européen pourra prendre plus de temps, Herman Van Rompuy devant quitter son poste le 30 novembre.

La gauche (PSE) a monnayé son soutien à Jean-Claude Juncker (PPE) à la tête de la Commission contre la présidence du Parlement (le socialiste Martin Schulz a été réélu à ce poste le 1er juillet). Tous les postes importants seront distribués en fonction d’équilibres politiques et géographiques. A ce titre, la parité hommes / femmes sera aussi un élément déterminant. 

JOL Press : Concrètement, que va-t-il se passer lors de ce Conseil européen ?
 

Pascal Fontaine : Les Vingt-Huit pourraient s’accorder autour de grands principes. On sait par exemple que les pays de l’Est convoitent un poste clé. Le nom de Radoslaw Sikorski, le ministre polonais des Affaires étrangères, circule en remplacement de Catherine Ashton. La Pologne veut devenir un acteur majeur de la scène européenne, notamment dans le cadre du Triangle de Weimar (qui définit la coopération trilatérale entre la France, l’Allemagne et la Pologne). 

Mais Radoslaw Sikorski est visé par le scandale des écoutes illégales en Pologne. Et le président du Conseil italien Matteo Renzi, conforté par sa large victoire aux élections européennes, souhaite que sa ministre des Affaires étrangères, Federica Mogherini, devienne la chef de la diplomatie européenne. Toutefois, la Pologne et les Etats baltes la jugent inexpérimentée et trop clémente à l’égard de la Russie dans la crise ukrainienne.

En parallèle, Angela Merkel pourrait soutenir la Premier ministre danoise Helle Thorning-Schmidt à la présidence du Conseil européen. Pour la chancelière allemande, il s’agirait de donner des gages au Premier ministre britannique David Cameron, qui n’a pas réussi à empêcher la nomination de Juncker à la tête de la Commission. En tout cas, le successeur de Van Rompuy sera sans doute issu d’un pays membre de la zone euro et de l’espace Schengen.

JOL Press : En attendant, Jean-Claude Juncker est le nouveau visage de l’Europe…
 

Pascal Fontaine : S’il joue bien, l’ex-Premier ministre du Luxembourg pourrait devenir «M. Europe», un rôle censé revenir au président du Conseil européen. La concurrence était forte entre Barroso et Van Rompuy. Là, aucun candidat ne semble émerger pour la présidence du Conseil européen. De plus, Juncker est un choix démocratique, il a une légitimité électorale.

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