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Deux ans après les aveux de Lance Armstrong, où en est la lutte anti-dopage?

Il est des sujets auxquels on ne peut pas dissocier un sport : l’arbitrage dans le football, la monotonie dans la Formule 1, l’ennui dans le curling… Et le dopage dans le cyclisme. Alors que le Tour de France 2014 connaît une mise en route radieuse, la discipline traîne encore et toujours son statut de « bouc émissaire des sports professionnels » : en effet, plus que dans n’importe quel autre sport, les coureurs cyclistes sont constamment pistés, contrôlés, surveillés. Des mesures suffisantes pour enfin pouvoir regarder la Grande Boucle avec des yeux d’enfants ?

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Christopher Froome, vainqueur en 2013 et favori à sa succession, a abandonné le Tour de France au cours de la 5e étape. (shutterstock.com)

Le cyclisme est, de loin, le sport le plus contrôlé : Les détracteurs du cyclisme professionnel ne pourront cette fois-ci pas crier au scandale : l’UCI (Union Cycliste Internationale) réalise un travail de plus en plus méticuleux de traçage biologique. Chaque coureur pro se doit de tenir les officiels informés de chacun de leurs déplacements. Cela permet aux responsables de la lutte anti-dopage de réaliser des contrôles inopinés, hors compétition.

En 2007 en France, Bernard Laporte, alors secrétaire d’Etat aux Sports, annonce les statistiques suivantes : « Au regard du nombre de licenciés ; 105 000 pour le cyclisme, 173 000 pour l’athlétisme et 1,851 million pour le football ; les chiffres sont encore plus éloquents : le cyclisme a été contrôlé trois fois plus que l’athlétisme et cinquante fois plus que le football. ». Des chiffres qui témoignent de la perpétuelle méfiance envers le cyclisme, amateur comme professionnel.

Armstrong enfin puni, mais trop tard… C’était le séisme que l’on attendait plus. Le 23 octobre 2012, l’UCI annonce la suspension à vie de Lance Armstrong, et le retrait de toutes ses victoires sur le circuit depuis 1998, notamment ses sept victoires sur la Grande Boucle. Quelques mois plus tard, le Texan passera aux aveux dans l’émission d’Oprah Winfrey, tentant de redorer un blason rouillé, voire pourri. Il est pourtant difficile d’éprouver de la sympathie pour l’homme derrière l’ancien champion : David Zabriskie, compatriote et ancien coéquipier d’Armstrong, avouait en 2005 que ce dernier forçait l’équipe entière à se doper. Dans son livre The Race to the Truth (La Course vers la vérité), une ancienne soigneuse de l’US Postal, Anna O’Reilly, décrit « Le boss » comme un « monstre hors de contrôle », un « tyran »…

Certes, le Texan a tout perdu. Et, certes, les décisions drastiques de l’UCI, inédites mais tardives, ne sont que justice. Les sept Grandes Boucles ont depuis été attribuées au second de chaque épreuve. On peut pourtant dresser deux constats : tant qu’il était encore professionnel et au sommet de sa gloire, Lance Armstrong était intouchable. Quant à la légitimité des « nouveaux » vainqueurs, le Texan déclarait l’an dernier : « On ne peut gagner le Tour de France sans se doper »… Quand on sait qu’il n’a désormais plus rien à perdre, cette déclaration fait forcément froid dans le dos.

Les têtes tombent nettement plus pendant le Tour de France : L’après Armstrong a connu son lot de scandales de dopage, de déceptions pour les mordus de la petite reine. Deux vainqueurs déclassés (Landis au profit de Pereiro Sio en 2006, Contador au profit d’Andy Schleck en 2010), des vainqueurs d’étape ainsi que des meilleurs grimpeurs exclus (Ricco, Schumacher, Rasmussen, Astarloza, Piepoli). En 2012, Frank Schleck, frère d’Andy, vainqueur en 2010, est contrôlé positif à un diurétique et quitte la Grande Boucle discrétement, pendant la seconde journée de repos.

Et que dire de l’affaire Froome, ébruitée pendant la dernière étape du Dauphiné ? Le JDD révèle que l’Anglais a été autorisé par l’UCI à soigner un rhume par la prise orale d’un corticoïde, considéré comme un produit dopant et formellement interdit par les autorités cyclistes. L’Agence Mondiale Anti-dopage (AMA) déclarera par la suite qu’il n’y a pas d’affaire Froome. Depuis, le vainqueur de l’édition 2013 a connu un début de Grande Boucle très nerveux, qui l’a vu chuté deux fois pour finalement abandonner pendant la 5e étape. Peut-on relier cette soudaine disparition du leader de la Sky avec l’affaire du corticoïde ? Si l’on regarde l’historique du dopage dans le cyclisme, on peut néanmoins être sûr d’une chose : pour survivre et résister aux accusations de dopage, mieux vaut avoir les nerfs aussi solides que ceux de Lance Armstrong.

 

 

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