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EN DIRECT D’ISRAËL – Foot, le monde est foot !

« On va finir par manquer le match de ce soir… Tu sais, Brésil-Allemagne. Ne me dis pas que tu ne suis pas le Mondial. Moi, ma chérie, j’ai tout re-gar-dé ! » Depuis plus de quatre heures, elles parlaient chiffons, éducation des enfants. L’une bossait, l’autre pas. Pour les deux et leur ribambelle, c’était le début des grandes vacances. Et là, soudain, un premier grain de sable menaçait de tout enrayer…

Quatre fois déjà, pas loin d’une demi-heure, que l’avion d’El Al, conservant son altitude, tournait en rond. Le ciel, à l’approche de l’aéroport de Ben Gourion, était embouteillé, l’atterrissage reporté. La branche militaire du Hamas, passée à l’offensive, lançait, depuis Gaza, ses missiles sur Tel Aviv, mais aussi le sud, le nord d’Israël et sur Jérusalem. Et mes voisines risquaient, nous risquions de manquer le match… Foot, le monde est foot !

La stratégie du va-tout

Oui, tout est foot… La stratégie du Hamas, de la branche militaire d’un Hamas exsangue, privé du soutien – via les souterrains transfrontières de Gaza – de l’Egypte et de ses Frères musulmans, ne pouvant compter, désormais, même plus compter sur le – plus ou moins discret – soutien du Qatar – depuis le changement d’émir l’an dernier -, acculé et conduit à envisager la plus folle des stratégies, la seule qui vaille dans les dernières minutes de jeu, même en première mi-temps, la stratégie du va-tout. Tout le monde monte, même le gardien…

On connait les risques footballistiques comme géopolitiques de telles tentatives. Tôt ou tard, on finit découvert et plus dure est la contre-attaque…

La contre-attaque

Certains Israéliens s’étonnaient, mardi 8 juillet, en début de soirée, de la faiblesse de la réaction Benjamin Netanyahou. Gil, guide touristique originaire de France, en Israël depuis 40 ans, ne cachait pas son étonnement devant l’apparente passivité du Premier ministre. Pourtant, son fils ainé, qui devait d’ici quelques jours passer d’importants examens à l’université, venait d’être mobilisé. Son deuxième fils allait suivre, il n’en doutait pas… Azni, chauffeur de bus, un Bédouin musulman du nord, était tout aussi remonté contre le chef du gouvernement. Qu’attendait-il pour réagir, pour frapper fort ? Les deux hommes ne misaient pas cher de l’avenir politique d’un Netanyahou « méconnaissable » s’il ne se reprenait pas…

Et, pourtant, une autre analyse est possible, sans être contradictoire. C’est celle de Denis Charbit, professeur de Sciences-Politiques à l’Open University. Israël reste traumatisé par les conclusions du rapport Goldstone en 2009, mettant en cause la légitimité de l’intervention de Tsahal contre Gaza. L’armée a désormais dans ses rangs des spécialistes du droit international qui conseille chaque unité et une nouvelle opération terrestre n’aurait été possible aux yeux de Netanyahou que si l’agresseur était clairement identifié. Le Hamas a tiré des roquettes au cours des derniers jours, les tirs se sont intensifiés hier. La réaction paraît justifiée.

Fenêtre de tir

On attendait à tout instant qu’une sirène vienne siffler la fin de la soirée… Il n’y a pas eu d’alertes nocturnes sur Jérusalem. Pourtant, ce mercredi 9 juillet, les Israéliens se réveillent traumatisés. Le Hamas, malgré sa faiblesse, a réussi à placer en joug, avec ses missiles de fabrication « maison », 75% de la population israélienne. C’est un tournant considérable et dont les effets sur l’opinion publique demeurent encore incertains. Surtout une fois finie la Coupe du monde…
 

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