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En Espagne, une loi qui a «des points communs avec le régime de Franco»

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JOL Press : Selon vous, quel est l’objectif de la loi de sécurité citoyenne mise en place par le gouvernement Rajoy ?
 

Joaquim Bosch: Avec cette loi, le gouvernement espagnol dispose désormais d’outils pour sanctionner une série de comportements étroitement liés à la liberté d’expression et au droit de manifester. Nous traversons une période intense de conflits sociaux et le pouvoir politique cherche à faire taire les critiques et étouffer les manifestations qui se déroulent dans la rue.

JOL Press: Désormais, qu’encourent les manifestants avec cette loi ?
 

Joaquim Bosch: Avec cette loi, les manifestants pourront se voir infligés des amendes très élevées, pouvant atteindre, dans certains cas, 600 000 euros. Il faut bien comprendre que ces sanctions ne sont pas imposées par les tribunaux, mais par le gouvernement lui-même, qui agit comme juge et jury pour punir les manifestations organisées.

JOL Press: Cette loi menace-t-elle la démocratie ?
 

Joaquim Bosch: C’est une loi autoritaire qui attaque les principes de la démocratie pluraliste, et qui tente d’empêcher les citoyens de critiquer la gestion du gouvernement. Il s’agit d’un pas en arrière en matière de liberté et qui nous conduit aujourd’hui à une loi qui a des points communs avec le régime de Franco.

JOL Press: Quels sont les arguments avancés par le ministre de l’Intérieur pour justifier cette loi ?

Joaquim Bosch: Ils prétendent agir contre les manifestations violentes et assurer la sécurité publique. Ces arguments sont faux : les données officielles du ministère de l’Intérieur indiquent que 99% des manifestations organisées au cours de l’année écoulée ont été pacifiques. De plus, les manifestations violentes ne relève pas du gouvernement, mais des tribunaux, et sont réglementées par le Code pénal. Cette loi vise à punir les manifestations pacifiques. Elle n’est pas destinée à assurer la sécurité publique, mais la sécurité du pouvoir politique face aux critiques.

JOL Press: En temps de crise, cette loi suffira-t-elle à étouffer le mouvement contestataire en Espagne ?  
 

Joaquim Bosch: Dans un contexte de crise, de réduction des droits, d’accroissement des inégalités sociales et d’un taux de chômage très élevé, la contestation sociale est forte et difficile à faire taire. Mais avec cette loi et le risque d’une amende élevée, les manifestations vont diminuer.

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