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Et si un Français remportait la Grande Boucle?

17 ans. Depuis la deuxième place de Richard Virenque en 1997, aucun coureur français n’a figuré sur le podium des Champs Elysées. Plus qu’une période creuse, une véritable éternité pour le cyclisme tricolore. Pire, il faut remonter jusqu’à 1985 pour retrouver le dernier vainqueur local, à savoir Bernard Hinault. Il est donc grand temps pour le vélo français de dépoussiérer son palmarès sur la Grande Boucle ; et pour Jean-Christophe Péraud, Romain Bardet et Thibaut Pinot, c’est l’année ou jamais de créer le plus bel exploit de ces trente dernières années.

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Romain Bardet en 2013, lors de l’ascension du Mont Ventoux. (shutterstock.com)

Avant le départ du 101e Tour de France donné à Leeds, nous vous donnions deux favoris, Chris Froome, vainqueur en 2013, et Alberto Contador, deux fois premier en 2007 et 2009. Depuis, ces deux mastodontes du cyclisme professionnel ont abandonné leur objectif principal de l’année l’un après l’autre. On vous avançait également un troisième vainqueur potentiel, aux allures d’outsider de luxe : Vincenzo Nibali. Le Requin de Messine est désormais le grand favori du Tour, dont il porte le Maillot Jaune. Son numéro sur les pavés lors de la cinquième étape restera gravé dans les mémoires. Enfin, nous nous montrions pessimistes quant aux chances des Français pour le classement général, même si l’espoir restait permis pour deux jeunes, à savoir Romain Bardet (Ag2r) et Thibaut Pinot (FDJ). Depuis, le vétéran JC Peraud (37 ans, Ag2r), s’est invité dans la danse. Portraits de trois Tricolores qui vont nous faire vibrer jusqu’aux Champs Elysées.

Jean-Christophe Peraud, le taulier

A déjà 37 ans, on pourrait penser que la carrière de Jean-Christophe Peraud va bientôt toucher à sa fin. Mais il n’en est rien : le Toulousain ne fait que progresser à mesure que les années défilent. Ancien champion d’Europe et vice-champion olympique de cross-country, « JC » décide de passer au cyclisme sur route en 2006, alors qu’il a déjà 29 ans ! S’ensuit une carrière respectable qui le verra remporter le Critérium International et le championnat de France du contre-la-montre. Et c’est cette spécialité qui risque d’avantager le co-leader d’Ag2r la Mondiale par rapport à ses homologues tricolores : s’il reste au contact de Nibali, et plus généralement du trio de tête, le chrono de 54 km entre Bergerac et Perigueux pourrait lui permettre de réaliser un coup monumental, à la veille de l’arrivée à Paris. Il faudra pour cela limiter les dégâts, particulièrement dans les Pyrénées… Et si le vétéran craque, l’autre leader d’Ag2r, Romain Bardet, peut lui aussi prétendre à la victoire finale.

Romain Bardet, le grand espoir

Il est sans doute le coureur français au plus grand potentiel de grimpeur. Malgré un palmarès maigre (Tour de l’Ain en 2013 et Drôme Classic en 2014), Bardet avait surpris les spécialistes en terminant quatrième du Tour de Catalogne 2014, réputé pour être le baromètre des puncheurs et des grimpeurs. Il avait idéalement préparé la Grande Boucle sur le Critérium du Dauphiné, qu’il finira en 5e position. La présence d’un seul et unique contre-la-montre joue en la faveur de l’Auvergnat, encore trop tendre dans l’exercice. Cependant, il ne compte pas s’effacer pour jouer le lieutenant de Peraud. Son objectif principal reste le Maillot Blanc du meilleur jeune, mais son aisance en montagne pourrait réajuster ses ambitions… A condition d’attaquer. Un domaine dont Thibaut Pinot connaît les rouages, comme il l’a prouvé sur l’arrivée de la 10e étape, à la Planche de Belles-Filles.

Thibaut Pinot, le déterminé

Il avait appris peu avant le départ de la course qu’il ne serait pas le leader de la FDJ, statut accordé au tout frais champion de France Arnaud Démare. Il payait notamment un Tour de Suisse en demi-teinte (15e) et une saison 2014 sans éclats. Et depuis ? Arnaud Démare n’a fait que décevoir, disparaissant tandis qu’un autre jeune, le sprinter Bryan Coquard (Europcar) lui volait la vedette. Pinot, vainqueur d’étape en 2012, rongeait son frein, attendait patiemment la montagne pour éblouir à nouveau. Lors de la 10e étape, qui offrait la première arrivée en ascension de cette 101e Grande Boucle, Pinot a tenu tête à tous les assaillants, à l’exception du véloce Nibali, et se classa second. Il est désormais 6e du général, à moins de 4 minutes du Maillot Jaune. En constante progression dans l’exercice du chrono, Pinot devra néanmoins attaquer sans cesse l’Italien s’il veut avoir une chance de prendre le Maillot Jaune avant Paris. Une tâche qui aurait été moins délicate si la FDJ n’avait pas décidé de bâtir une équipe autour de Démare…

Et Tony Gallopin ?  Il a porté le Maillot Jaune pendant la 10e étape. Il fut éblouissant dans sa tentative de le conserver. Mais le coureur de l’équipe belge Lotto reste un puncheur, pas un grimpeur. Le natif de Dourdan est un chasseur de classiques, comme en témoigne sa victoire sur la Clasica San Sebastian en 2013. Tony était arrivé sur le Tour de France avec l’envie de décrocher une étape : s’il ne parvient pas à remplir cet objectif, il pourra se satisfaire de sa journée en jaune. 

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