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États-Unis: une mère en prison pour avoir laissé sa fille jouer seule au parc

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Aux Etats-Unis, l’histoire de Debra Herell est symptomatique des problèmes que rencontrent les mères célibataires. Crédit : Shutterstock

C’est une histoire qui a relancé le débat sur l’intrusion des autorités dans la vie des citoyens américains. Debra Harell, une mère célibataire de 46 ans habitant la ville de North Augusta en Caroline du Sud, a été envoyée en prison pour l’«abandon » de sa fille de 9 ans. Il ne s’agit pas d’un fait divers sordide, mais plutôt d’un problème de société qui touche des millions de personnes : les mères célibataires.  

Au parc ou au McDo toute la journée

Debra Harell élève seule sa fille et s’est retrouvée dans une situation que beaucoup de parents élevant seuls leurs enfants connaissent. Elle devait continuer à se rendre à son travail dans un McDonald’s de sa ville tout l’été et a dans un premier temps acheté un ordinateur portable pour sa fille, qui passait ainsi ses journées dans le restaurant pendant que sa mère travaillait à côté. Malheureusement, l’ordinateur que Debra Harell a eu énormément de difficultés à payer a été volé pendant un cambriolage. Après cela, et n’ayant rien à faire dans le restaurant, la petite fille a demandé à sa mère de la déposer au parc à côté pour pouvoir jouer avec d’autres enfants à l’extérieur plutôt que de rester enfermée dans le fast-food.

Après trois jours sans incident, un adulte présent dans le parc s’est inquiété de l’absence de Debra Herell, ce à quoi la petite a répondu qu’elle était au travail. La police a été prévenue et a déclaré l’enfant comme « abandonnée », conduisant à l’arrestation de la mère. Pour les parents qui étaient dans le parc, elle aurait dû trouver une autre solution plutôt que laisser sa fille seule, comme l’explique une mère de famille à une chaîne de télévision locale : « Vous ne pouvez pas laisser votre enfant seule dans un lieu public. Surtout à notre époque, on ne sait jamais qui traîne par ici. »

Beaucoup de soutiens

Pourtant, de nombreuses personnes ont blâmé les autorités pour avoir arrêté Debra Herell et confié sa fille aux services sociaux. Car le système de garde d’enfants est si onéreux aux Etats-Unis qu’une grande partie du salaire qu’elle gagnait serait partie dedans. Un cercle vicieux dans lequel de plus en plus de mères se retrouvent piégées. Sans famille ou amis pour prendre soin de leur(s) enfant(s), impossible de travailler. Le blog Police State USA a critiqué : « Peut-être que ces fouineurs auraient préféré qu’elle place sa fille dans un centre de loisirs qui aurait absorbé la plus grande partie de son salaire. Ou, encore mieux, qu’elle quitte son travail et se contente de toucher les allocations. »

Dans un billet sur Slate, la journaliste Jessica Grose pause également la question de l’intérêt de l’enfant, et met en doute le bienfait d’être arrachée à sa mère pour être prise en charge par les services sociaux. De plus, la question du risque pour l’enfant d’être enlevée par un étranger au milieu d’un parc public a été sérieusement remise en cause. Benjamin Radford, un journaliste et écrivain qui a travaillé sur la question des légendes urbaines et des idées reçues dans les médias, note que seulement 3,1% des cas d’enlèvements traités entre 1990 et 1995 aux Etats-Unis concernaient des personnes qui n’étaient pas des proches de l’enfant : « La plupart des enfants disparus ont été enlevés par des membres de la famille, très souvent un parent divorcé qui s’enfuit, lors d’un droit de garde ou de visite. »

Jessica Grose note ironiquement que cette paranoïa des parents et des autorités est toute récente. Elle rappelle, sarcastique : « Si tous les parents qui laissent leur enfant de 9-10 ans aller au parc sans surveillance étaient arrêtés, toutes les mamans des années 1970 seraient derrière les barreaux. »

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