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Femen à Notre-Dame: «Il faut réaffirmer le droit au blasphème»

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JOL Press : Regrettez-vous votre action à Notre-Dame ?
 

Marguerite Stern : Femen ne regrette jamais les actions qui ont été menées, et particulièrement pas le happening de Notre-Dame. Cette action a permis de créer un débat très important en France, autour du blasphème, de la place de l’Eglise catholique à un moment où elle était très présente dans les débats, lors de la proposition de loi sur le mariage pour tous.

Dans nos rues, au sein de nos institutions françaises, nous avons vu les responsables des institutions religieuses – et particulièrement de l’Eglise catholique  – donner leur point de vue sur un sujet de société qui concernait les citoyens.

L’Eglise s’est rendue dans la rue, la rue s’est rendue dans l’Eglise. Nous sommes allées adresser notre message politique directement dans les églises puisque celles-ci se permettent d’envahir les espaces de libre expression en France.

JOL Press : Comprenez que les actions des Femen puissent choquer ?
 

Marguerite Stern : Evidemment. Les réactions après le happening dans Notre-Dame étaient à la mesure de nos attentes : non seulement les croyants ont été choqués que l’on puisse blasphémer, mais également les non-croyants. C’est quelque chose qui n’existait plus en France, depuis l’action de Femen : il faut réaffirmer ce droit au blasphème. C’est notre droit et nous devons en user.  

Pour une société saine, en bonne santé, nous avons besoin de blasphème : nous avons le droit de critiquer des doctrines politiques, pourquoi ne pourrions-nous pas critiquer des théories religieuses, surtout lorsqu’elles ont une influence directe sur les droits des hommes et des femmes ? 

JOL Press : Les Femen accumulent les coups durs ces derniers mois. Le mouvement est-il en train de s’essoufler ?
 

Marguerite Stern : Nous restons positionnées sur la même ligne idéologique que celle créée il y a cinq ans. Trois piliers forts contre lesquels nous nous battons : les dictatures, la religion, et l’industrie du sexe. C’est vrai que nous avons essuyé plusieurs scandales pas toujours maîtrisés ces derniers mois : les procès, les départs des Femen, l’expulsion…

On regrette que les médias focalisent leur attention sur les départs des membres de Femen, plutôt que sur les actions que nous menons, comme par exemple la dernière que nous avons faite à Londres, pour dénoncer les mutilations génitales.

JOL Press : Allez-vous procéder à un changement de méthode pour redonner un souffle au mouvement ?  
 

Marguerite Stern : Le mouvement Femen est jeune : il est encore voué a évoluer et à se transformer d’année en année. Il y a eu des erreurs, certes, des expérimentations. Notre méthode d’action changera en fonction du sujet auquel nous sommes confrontés : il n’est donc pas impossible qu’elle se radicalise.

JOL Press: Etes-vous confiantes pour le procès ou pensez-vous que cela puisse vous fragiliser davantage ?
 

Marguerite Stern : Nous sommes plutôt confiantes. Nous avons envie que justice soit faite! N’oublions pas que nous avons été agressées : l’un des gardes de Notre-Dame a frappé ma tête au sol, après m’avoir allongée à plat ventre. J’ai aussi perdu la moitié d’une incisive. Pour nous, ce procès est l’occasion de remettre sur le devant de la scène médiatique le message que nous avons voulu porter durant notre action. Qui doit être blâmé ? Des féministes qui viennent véhiculer un message anti-homophobe et humaniste à l’intérieur d’une église ou alors ceux qui pratiquent la violence envers les femmes ? 

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