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Israël-Gaza: le conflit menace de toucher la Cisjordanie

25.07.2014 par La Rédaction

Entretien avec Sébastien Boussois, docteur en sciences politiques, chercheur associé à l’Université libre de Bruxelles et spécialiste du Moyen-Orient.

Dix-huit jours après le début de l’opération israélienne contre le Hamas dans la bande de Gaza, le conflit menace de s’étendre à la Cisjordanie. Jeudi 24 juillet, au moins deux Palestiniens sont morts après des affrontements violents dans les territoires palestiniens.

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Des soldats israéliens tirent des gaz lacrymogènes lors de manifestations contre l’occupation de la Palestine, en mars 2012, à Kalandia, Cisjordanie. (Crédit photo: Ryan Rodrick Beiler / Shutterstock.com)

Suite à l’escalade des tensions à Gaza, où l’offensive israélienne contre le Hamas a déjà fait plus de 800 morts, les Palestiniens de Cisjordanie ont manifesté massivement jeudi soir pour la Nuit du Destin, une date importante du ramadan. 

Près de 10 000 personnes ont déferlé dans les rues de Ramallah, à Jérusalem Est et dans plusieurs autres villes des territoires palestiniens, jetant des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de sécurité israéliennes. Vendredi, ils appelaient à de nouvelles manifestations malgré la répression policière qui a provoqué la mort d’au moins deux Palestiniens.

JOL Press : Qu’est-ce qui a provoqué les violents affrontements en Cisjordanie et à Jérusalem Est jeudi ?

Sébastien Boussois : La situation est plus tendue que jamais. Il y a encore quelques semaines, on parlait d’un risque de troisième intifada. Je pense que c’était surtout un contexte médiatique et une figure stylistique utilisée par les médias. Aujourd’hui, on ne parle plus de troisième intifada, on parle d’embrasement possible, de révoltes, de manifestations, d’attaques, d’actes antisémites, anti-arabes, anti-palestiniens.

On est arrivés aujourd’hui à un point où, comme dans l’histoire de la poule et de l’œuf, il est difficile de savoir qui a commencé, qui a provoqué qui. L’actualité tragique à Gaza, la disproportion de l’attaque israélienne (même les Israéliens qui sont à 85% pour l’intervention commencent à déchanter et à penser que cette opération risque d’être un échec militaire), le nombre de victimes civiles, dont des enfants et des jeunes… Tout cela provoque la colère globale des Palestiniens.

Car il ne s’agit pas seulement d’attaques contre le Hamas – qui n’est pas non plus soutenu par tous les Palestiniens, il y a des failles importantes dans l’apparente « unité » de l’OLP et du Hamas – mais d’attaques contre des civils. Ce qui s’est passé à Jérusalem Est est une traînée de poudre.

Kalandia [checkpoint entre la Cisjordanie et Israël], où se sont déroulés les affrontements, est un symbole absolu. C’est la porte d’entrée depuis la Cisjordanie vers la capitale revendiquée par les Palestiniens, Al Qods [Jérusalem]. Cette manifestation n’est qu’un prolongement de tous ces événements qui remontent à l’assassinat du jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem Est.

JOL Press : Qu’est-ce qui rassemble aujourd’hui les Palestiniens de Cisjordanie et ceux de Gaza ?

Sébastien Boussois : La guerre et l’ennemi commun. En temps de « paix » – ou plutôt de non-guerre – il n’y a pas vraiment d’unité entre ces deux morceaux de territoires qui sont scindés.

Il y a déjà difficilement une continuité au sein même de la Cisjordanie, à cause de la « tactique du salami », des colons et des habitants des implantations. Les territoires sont morcelés, contournés, entourés de barbelés, de tunnels etc. C’est donc déjà difficile pour les Palestiniens situés entre les zones A, B, et C de la Cisjordanie de circuler et de créer un sentiment d’unité.

Ces derniers considèrent les Palestiniens de Gaza comme leurs « frères ». Gaza n’est pas simplement le Hamas pour eux : c’est une population palestinienne décimée, devant laquelle la communauté internationale ne sait que faire et ne parvient pas à appliquer le droit international.

JOL Press : Quelle a été la position de Mahmoud Abbas depuis le début ? Est-il vraiment soutenu en Cisjordanie ?

Sébastien Boussois : Mahmoud Abbas a été beaucoup en retrait. La difficulté, pour l’Autorité palestinienne, c’est qu’elle n’a jamais autant collaboré avec Israël depuis des années. Il y a donc un mouvement de résistance palestinienne qui résiste comme il peut et commet un certain nombre d’actes atroces, y compris au sein même de Gaza, puisqu’il y avait eu en 2012 de la part du Hamas des règlements de compte contre les responsables de l’Autorité palestinienne.

Aujourd’hui, à part son succès lorsqu’il fait le jeu du droit international (adhésion de la Palestine à l’ONU, à l’UNESCO, aux accords de paix, et peut-être un jour à la Cour pénale internationale), Mahmoud Abbas est inaudible. L’Autorité palestinienne n’arrive pas à diriger ses troupes, et ne sait pas comment se sortir de cette crise. Il y a donc eu une solidarité qui me paraît contre nature entre l’Autorité palestinienne et le Hamas, puisque leurs agendas et leurs fonctionnements même sont opposés et ont des objectifs différents.

Cette réconciliation, qui n’est pour moi que de façade, ne permet pas d’avoir un dialogue véritablement uni. Il y a la possibilité d’avoir une médiation, comme celle de l’Égypte en ce moment, mais qui ne sera évidemment pas favorable aux habitants de Gaza, vu la situation égyptienne et le retour du régime militaire opposé aux islamistes depuis l’élection du maréchal al-Sissi à la tête de la présidence.

JOL Press : Risque-t-on de voir une escalade des tensions si les Palestiniens n’obtiennent pas ce qu’ils veulent ?

Sébastien Boussois : Le problème, c’est que je ne sais pas à quoi joue le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Il avait accepté la trêve mais sans aucune des conditions que le Hamas demandait, dont certaines ne me paraissaient pas scandaleuses. J’ai du mal à comprendre la stratégie du gouvernement israélien qui agite le chiffon rouge alors qu’il se trouve dans un contexte régional qui lui est défavorable en termes de sécurité.

Aujourd’hui, il invoque le Dôme d’acier, qui selon les fabricants est capable d’arrêter 95% des obus et des roquettes ; or on arrive à 35% environ. C’était la même chose en 2012, lorsqu’Israël menaçait l’Iran alors qu’il savait qu’il manquait de masques à gaz et d’abris pour protéger la population israélienne. C’est une position que l’on pourrait qualifier de suicidaire. En face, on a été largement surpris par l’arsenal du Hamas, par le nombre de tunnels, d’armes qui circulent à Gaza, et même de drones qu’on a découverts il y a une semaine ou deux.

Israël ne gagne pas une seule guerre depuis 40 ans, et il n’y a pas une seule bataille qui ait donné un véritable sentiment de victoire. On sait que le résultat de celle-ci sera un échec militaire. Comme le disait un ancien patron du Shin Beth [service de sécurité intérieure israélien, ndlr], dans le documentaire « The Gatekeepers », « Israël gagne toutes les batailles mais perd systématiquement la guerre ».

Et encore une fois, quand tout cela sera dégrossi, la solution ne pourra être que politique car la solution militaire n’aura rien réglé. Il faudra retourner à la table des négociations mais il y aura eu, entre temps, 1000 ou 1500 morts palestiniens, 30 ou 40 soldats et quelques civils israéliens morts. Tout cela est du temps et de l’argent perdu, des vies humaines et des familles décimées.

Propos recueillis par Anaïs Lefébure pour JOL Press

——-

Sébastien Boussois est docteur en sciences politiques, conseiller scientifique de l’Institut MEDEA (Bruxelles), chercheur associé au CJB (Rabat/Maroc) et au REPI (Université Libre de Bruxelles). Enseignant en relations internationales, il est également consultant Moyen-Orient. Il est l’auteur de nombreux ouvrages tels que Israël: le défi sécuritaire, perceptions et réalités, Éditions du Cygne, 2011 ; Sauver la mer Morte, un enjeu pour la Paix au Proche-Orient ?, Armand Colin, 2012 et s’apprête à sortir le livre Gaza, l’impasse historique, Éditions du Cygne, août 2014.

La Rédaction


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