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La France a-t-elle vocation à être le gendarme du Sahel?

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Samedi 19 juillet, François Hollande sera à N’Djamena, au Tchad, où doit être basé l’état-major de la force «Barkhane» (Photo: Shutterstock.com)
JOL Press : Quelles sont les questions qui domineront cette tournée ? 
 

Alain Antil : La visite de François Hollande en Côte d’Ivoire sera principalement axée sur l’économie. Le président sera d’ailleurs accompagné d’une importante délégation d’hommes d’affaires (les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de 9% en 2013, ndlr).

La tonalité sera, à l’évidence, très sécuritaire au Niger et au Tchad. En effet, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé, dimanche 13 juillet, la fin de l’opération «Serval» au Mali et le lancement de l’opération «Barkhane» (qui désigne une dune de sable en forme de croissant). Ce basculement du dispositif militaire au Sahel était prévu depuis plusieurs mois, mais avait dû être reporté fin mai en raison d’un regain de tension dans le nord du Mali. 

JOL Press : En quoi consiste ce nouveau dispositif ? 
 

Alain Antil : Ce nouveau dispositif va donner un peu plus de cohérence à la lutte contre la menace salafiste jihadiste dans cette zone. Il n’est pas question que la France se désengage du nord du Mali. Les terroristes – même s’ils ont été fortement affaiblis par l’armée française – sont toujours présents dans cette région et les problèmes d’insécurité persistent.

En partenariat avec les cinq pays de la zone (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad), cette opération va élargir à tout le Sahel l’action militaire française contre les mouvements salafistes. L’état-major de cette force permanente de 3 000 hommes sera basée à N’Djamena (Tchad). 

JOL Press : On glisse donc vers une stratégie militaire plus globale. 
 

Alain Antil : Oui. Il s’agira plus d’une réorganisation des effectifs que d’une nouvelle opération venant s’ajouter aux missions en cours au Mali. Un millier de soldats devraient rester dans ce pays, 1 200 étant stationnés au Tchad et le reste dans les autres pays du Sahel. Tous les spécialistes s’accordent sur ce point : les coopérations bilatérales ne suffisent pas pour lutter efficacement contre le terrorisme islamiste. Il est impératif de régionaliser ce combat. 

JOL Press : La France a-t-elle vocation à être le gendarme du Sahel ? En a-t-elle les moyens ? 
 

Alain Antil : La France n’a pas vocation à être le gendarme du Sahel, même si, dans les faits, elle l’est. Au vu du contexte, elle gardera ce rôle un certain nombre d’années. D’une part, aucun autre pays ne veut s’investir au Sahel. D’autre part, les structures régionales de sécurité et de défense ne sont pas assez efficaces pour combattre les mouvements salafistes. En outre, ces structures sont beaucoup trop nombreuses, ce qui disperse les efforts.

L’importance du déploiement au Sahel est à la mesure des moyens financiers alloués à l’armée française. On ne peut pas continuer de diminuer le budget de la défense et maintenir des opérations extérieures très coûteuses. L’Etat va devoir trancher cette question.

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