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L’application Snapchat rachetée par un géant chinois?

Le groupe chinois Alibaba s’apprête à réaliser un grand coup sur le marché international des nouvelles technologies : des négociations sont actuellement en cours avec la société américaine Snapchat, l’application phénomène de ces deux dernières années sur smartphone. La transaction de rachat pourrait s’élever à 10 milliards de dollars, et surtout permettre à Alibaba de dominer le marché 2.0 dans son pays. 

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(Crédit:shutterstock)

En novembre 2013, Snapchat avait repoussé une première approche, et pas des moindres : sous l’impulsion de Mark Zuckerberg, Facebook avait formulé une offre de 3 milliards de dollars à la société californienne. A l’époque, son propriétaire Evan Spiegel n’avait pas accepté de vendre ; il considérait en outre que Snapchat deviendrait à court terme rentable. Neuf mois plus tard, le phénomène ne s’est pas estompé, et c’est désormais le groupe chinois Alibaba qui a présenté son offre, plus faramineuse encore : un rachat à la hauteur de 10 milliards de dollars.

Dans la lignée des Uber, Airbnb et Dropbox

Si la transaction se concluait, Snapchat rejoindrait un club très fermé : celui des start-ups américaines revendues au-delà des 10 milliards de dollars. Airbnb, site spécialisé dans la location d’appartements entre particuliers, et Dropbox, nouveau boss du stockage en ligne, possèdent la même valeur. A titre comparatif, les groupes hôteliers Hyatt et Wyndham disposent d’une valeur inférieure ; le groupe Marriott, ses 150 000 employés et ses 10 milliards de dollars de chiffres d’affaires, vaut quant à lui 20 milliards de dollars.

Une société à 10 milliards, mais qui ne génère quasiment aucun revenu. La donne pourrait pourtant rapidement changer : le petit fantôme a enregistré l’arrivée d’Emily White, ex-directrice de la publicité pour Instagram, la plateforme de partage récemment acquise par… Facebook. Le processus de monétisation de Snapchat passera, selon Evan Spiegel, par le placement de publicités tous les 20/30 messages reçus, et par l’apparition de contenus payants, sponsorisés par de grandes marques. Si la rentabilisation de l’application connaît la même croissance exponentielle que son contenu, Snapchat pourrait devenir un véritable mastodonte du marché 2.0.

Un trésor de plus dans la caverne d’Alibaba

Le terme de croissance exponentielle n’est pas usurpé : en 2012, les utilisateurs envoyaient 50 millions de messages par jour ; ils en envoient 700 millions en 2014.

C’est son succès vertigineux et quasi-instantané qui a permis une telle valorisation de Snapchat. La patience de Spiegel s’est avérée payante ; cependant, si une vente avait lieu, ce ne serait certainement pas un aveu de faiblesse de la part de la société de Santa Monica. En acceptant le rachat par le groupe Alibaba, Snapchat s’ouvrirait un marché juteux, et qui lui était jusqu’ici interdit, le marché chinois.

En s’exportant en Chine, l’application solidifierait encore un peu plus sa suprématie dans le domaine. De plus, comme l’expliquait Evan Spiegel : « le marché asiatique est friand de nouvelles technologies, et des interactions qui en découlent ». Quant à Alibaba, il réaffirme sa stratégie récente d’investissements. Début avril, il pariait sur Lyft, grand rival d’Uber (investissement de 250 millions de dollars), après avoir débloqué 215 millions de dollars dans l’application de messagerie Tango – deux start-ups américaines. En septembre, Alibaba fera son entrée au New-York Stock Exchange. Avec, pourquoi pas, Snapchat dans sa caverne. 

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