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Les réseaux sociaux tuent les rhinocéros d’Afrique du Sud

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Un safari, c’est génial. On découvre la faune et la flore africaines, on dort sur le toit du 4×4, on voit des paysages à couper le souffle, et on prend des milliards de photos toutes plus belles les unes que les autres. Photos que l’on postera ensuite sur Facebook/Twitter/Instagram, pour montrer à tous nos amis à quel point un safari, c’est génial.

Mais, sans le savoir, vous êtes peut-être en train de participer au meurtre de milliers d’animaux. Car en postant vos magnifiques photos d’un rhinocéros qui boit de l’eau, vous ne faites pas que montrer à quel point un rhinocéros, c’est mignon. En réalité, vous livrez sur un plateau toute une quantité de données dont les braconniers ont appris à se servir.

Les réseaux sociaux : nouvelle menace pour les rhinocéros d’Afrique du Sud

Plus besoin de partir des nuits entières à la recherche d’une famille de rhino pour arracher leurs cornes à coups de hache. En postant ces photos, vous indiquez les coordonnées GPS de l’endroit exact où se trouvait l’animal à un moment précis. Il n’y a plus qu’à fouiller un périmètre restreint, et c’est dans la poche.

C’est pourquoi de plus en plus d’affiches fleurissent dans la savane, expliquant qu’il est impératif d’éteindre la géolocalisation sur votre portable avant de prendre des photos.

On peut lire :« Veuillez faire attention lorsque vous partagez vos photos sur les réseaux sociaux. Elles peuvent conduire les braconniers à nos rhinocéros. Eteignez la fonction de géolocalisation et ne divulguez pas où la photo à été prise ».

Le braconnage, une pratique barbare qui tue des milliers d’animaux chaque année

Interdit depuis 1989, le braconnage est le 4e marché illégal mondial. Et pour cause : pour un kilo de corne de rhinocéros en poudre, un braconnier peut en tirer jusqu’à 60 000 dollars (soit environ 44 000 euros). Pour échelle, le prix d’un kilo d’or est aujourd’hui à environ 42 500 dollars.

Le pire, c’est que des études ont prouvé que la corne de rhinocéros – dont Chinois et Vietnamiens raffolent – n’a absolument aucune vertu médicinale. Les Asiatiques l’utilisent comme traitement contre divers maladies, mais elle n’est constituée que de kératine. Comme le sont nos cheveux et nos ongles.

Pourtant, ce marché croît de façon exponentielle. Les chiffres d’une infographie de WWF sont alarmants. En 2007, 13 rhinocéros avaient été abattus. En 2011, ils étaient 448. En 2013 plus de 1000 bêtes avaient été tuées, et depuis le 1e janvier 2014, 473 ont déjà péri d’une mort atroce. Car le mode opératoire des braconniers fait froid dans le dos : après avoir anesthésié le rhinocéros pour l’endormir, ils arrachent la corne à la hache. Ensuite, l’animal se réveillera et succombera de ses blessures en plusieurs jours.

Vers une légalisation du trafic de cornes ?

Evidemment, de nombreuses techniques sont employées pour lutter contre le braconnage. Par exemple, des puces sont implantées sur les animaux pour les surveiller jour et nuit. Mais les braconniers ont trouvé le moyen de les « hacker », obtenant ainsi les coordonnées précises de l’animal. Le Rhino Rescue Project tente également sa méthode, mais un peu constestable. Ils attrapent des rhinocéros pour injecter une substance dans la corne pour la rendre toxique. Inoffensive pour l’animal, elle provoque maux de tête et hallucinations à ceux qui la consomment.

Le nombre de rhinocéros augmentant à un rythme démesuré, ces mesures ne sont donc clairement pas suffisantes. Il serait maintenant question d’établir un marché légal et réglementé, avec des cornes prélevées sur des animaux morts de façon naturelle. Le projet sera annoncé lors de la prochaine réunion de la Convention sur le Commerce international des espèces menacées (CITES), en 2016.

Mais d’ici là, pensez-y : désactiver la géolocalisation peut sauver des vies.

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