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L’Hadopi au bord du gouffre?

Cela fait maintenant plusieurs mois que le gouvernement et la majorité ont complètement laissé tomber l’Hadopi. Marie-Françoise Marais, la présidente de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, menace d’ailleurs d’attaquer le gouvernement en justice s’il ne lui fournit pas les moyens de remplir sa mission.

L’Hadopi mise de côté

Tout le monde a oublié la loi Hadopi ! Cela fait d’ailleurs longtemps qu’elle n’impressionne plus les internautes. Concernant le gouvernement, il a reporté à 2015 le projet de loi qui devait transférer ses compétences au CSA et redéfinir l’Hadopi. Enfin, les ayants droit ont d’autres occupations nommées YouTube, iTunes ou bien encore Netflix. Avec tout ça, l’Hadopi est délaissée.

Revenons quelque temps sur le projet de loi devant transférer l’Hadopi au CSA. Cela fait désormais plus d’un an qu’on en parle et aucune avancée n’a été apportée. La seule chose qui a été modifiée est ce que les internautes fraudeurs redoutaient le plus : la coupure d’accès à Internet. Au départ cette coupure devait être remplacée par une amende administrative, mais cela a été abandonné. Moralité, en France les internautes peuvent pirater tranquillement sans s’exposer à des sanctions.

Les ayants droit continuent de soutenir l’Hadopi

Le seul soutien qui subsiste encore est celui des ayants droit. « Les ayants droit sont très mobilisés pour que l’institution continue ses missions » a d’ailleurs précisé Éric Walter, le secrétaire général de l’Hadopi. Plusieurs sociétés de gestions de droits se sont d’ailleurs exprimées sur Twitter pour soutenir l’Hadopi.

C’est notamment le cas de la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques) qui a déclaré que « Hadopi a besoin de plus de moyens pour appliquer la réponse graduée à plus large échelle ». De son côté la SCAM (Société civile des auteurs multimédia) « demande au ministère de la Culture que les sièges manquant du collège de l’Hadopi soient pourvus ».

Mais le vrai cœur du problème reste surement l’offre légale disponible. En effet, aujourd’hui, il est devenu plus complexe de se procurer une œuvre de manière légale qu’en la piratant. En France on ne dispose pas de véritable plateforme de streaming légale pour les contenus cinématographiques et la seule alternative est la VOD ou le délai d’attente pour pouvoir voir un film est plus long que pour la sortie en DVD. C’est surement dans cette voie qu’il faut avancer pour freiner le piratage.

Toutefois, nous pouvons nous demander si le gouvernement a réellement pris conscience de ce problème et s’il va se donner les moyens de réussir la version 2.0 de l’Hadopi. En tout cas, nous pouvons nous accorder sur une chose : il convient de développer l’offre légale, c’est la seule manière efficace de lutter sur le long terme contre le piratage. Une nouvelle loi répressive n’aura des effets que sur le court terme et finira par se faire dépasser par les technologies proposées par les pirates informatiques.

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