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L’ONU vient en aide au Kenya, mais est-ce l’aide dont il a besoin?

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Le président kenyan Uhuru Kenyatta a envoyé depuis septembre 2011 ses troupes en Somalie dans le cadre de la Mission de l’Union Africaine en Somalie (AMISOM).

 

JOL Press: Pouvez-vous revenir sur les relations qu’entretiennent la Somalie et le Kenya ?

Philippe Moreau Defarges : Le problème de la Somalie est que c’est un Etat anarchique. Les relations entre le Kenya et la Somalie sont nécessairement difficiles car la Somalie est depuis des années un terrain où se déploient toutes sortes de bandes, notamment des bandes islamistes. De son côté, le Kenya a lui-même ses propres difficultés, il doit à l’évidence se protéger contre le désordre somalien.

JOL Press : Est-ce que les forces armées kenyanes, soutenues par les Etats-Unis, sont suffisantes pour contrer l’organisation islamiste ?
 

Philippe Moreau Defarges : Il est difficile de faire un état des lieux sur ce point. Cependant, les forces militaires dites «classiques» sont souvent mal adaptées pour faire face à des formes de guerre très particulières mêlant le terrorisme et la guérilla. 

En outre, généralement, les Etats africains ont des armées faibles, les forces kenyanes ne semblent pas être de taille face à ce système anarchique et volatile. Ce sont des problèmes très complexes et une armée mal équipée ne peut contrer les forces islamistes.

JOL Press : Une aide des Nations Unies est-elle nécessaire selon vous ? 

Philippe Moreau Defarges : L’ONU a toujours été extrêmement présente en Afrique. Il y a eu plusieurs milliers de casques bleus envoyés. L’ONU peut apporter une aide supplémentaire mais elle ne changera pas grand-chose. La preuve, la multiplication des casques bleus ne résout pas tous les problèmes.

Par ailleurs, si Monsieur Ban Ki-Moon doit vraiment envoyer une force armée, il ne peut pas le faire de son propre chef : il doit recevoir l’accord du Conseil de Sécurité de l’ONU. 

JOL Press : Les Etats victimes du terrorisme sont-ils principalement ceux qui coopèrent avec l’Occident ?
 

Philippe Moreau Defarges : Tout à fait. Il est clair qu’il y a une « ceinture », une zone terroriste qui concerne essentiellement le Sahel, traverse la Sahara et va jusqu’à la Somalie et le Kenya. Les pays liés à l’Occident restent les plus vulnérables.

JOL Press : Quelle serait la meilleure aide à fournir aux Eats qui souffrent du terrorisme ?

Philippe Moreau Defarges : La meilleure aide serait une collaboration des polices des Etats de la zone concernée (La Somalie, le Kenya et d’autres Etats). Cette collaboration mi policière-mi militaire pourrait venir à bout de certaines des opérations terroristes.

Ainsi, la meilleure des aides n’est pas celle de l’ONU, parce c’est une structure lourde qui est très présente et dilue ses interventions.

Propos recueillis par Valérie Choplin pour JOL Press

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Philippe Moreau Defarges est chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et professeur à l’Institut d’études politiques de Paris.

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