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Peine de mort au Soudan: la chrétienne est arrivée en Italie

Dernier rebondissement en date, qui en sera peut-être l’ultime. Le cauchemar de Meriam Ishag a pris fin jeudi lorsque la Soudanaise a atterri en Italie accompagnée de sa famille. Un véritable soulagement pour la jeune femme, et plus généralement pour la communauté chrétienne internationale. Si les jours de Meriam ne sont désormais plus comptés, son cas n’est pas isolé et les condamnations autour de l’apostasie sévissent toujours dans plusieurs pays musulmans.

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Le cliché désormais célèbre du mariage chrétien de Meriam Ishag et Daniel Wani. (capture d’écran France 24)

Deux mois de calvaire

Si l’on peut sans doute trouver motif à critiquer la justice soudanaise, on ne peut en revanche pas lui reprocher d’être lente. Moins d’une semaine après son arrestation, Meriam Ishag est condamnée à mort par pendaison et à 100 coups de fouet pour adultère. La jeune femme est accusée d’apostasie : une conversion religieuse volontaire. Les autorités se sont appuyées sur les preuves d’un mariage chrétien avec Daniel Wani, avec lequel elle a eu deux enfants.

Ishag est donc incarcérée dans la foulée avec son jeune fils de 20 mois. Comble de l’horreur, elle mettra au monde sa petite fille en prison, une dizaine de jours seulement après avoir intégré la prison de Khartoum. Dans le même temps, l’affaire s’ébruite à l’étranger et les médias s’emparent de ce scandale. Les Etats-Unis monteront rapidement au créneau, notamment par le biais du secrétaire d’Etat John Kerry, qui appelait la justice soudanaise à « respecter le droit fondamental de Mme Ishag à la liberté et à exercer sa religion ».

Un engouement qui déboucha sur un fait rarissime : l’annulation de la peine de mort est prononcée le 23 juin dernier. Rarissime, car les justices islamiques autoritaires ne sont pas réputées pour leur flexibilité, encore moins pour leur clémence. La justice soudanaise ne s’exprimera pas sur les raisons de sa décision. Dans la logique de cette relaxe, Meriam Ishag est libérée dans la surprise générale le 23 juillet. Elle décollera avec sa famille pour l’Italie le lendemain, dans l’anonymat le plus total.

Accueillie par le Premier ministre Matteo Renzi et des membres de la classe politique, la famille semble enfin loin de la tourmente, et Meriam Ishag peut souffler.  Une victoire pour la liberté de culte et les Droits de l’Homme… Ou l’arbre qui cache la forêt ?

Arabie Saoudite, Soudan et Maldives exécutent les apostates

Le cas de Meriam Ishag ne relevait pas d’une apostasie pure. Durant sa jeunesse, elle fut élevée par une mère chrétienne orthodoxe dont elle a adopté la religion. Musulmane de naissance par son père, ce dernier a quitté le foyer familial très tôt. La Soudanaise a par conséquent grandi dans un foyer chrétien, ce qui réfutait en partie la thèse de l’apostasie. Ainsi, la défense expliquait que la jeune femme n’avait jamais trahi l’islam, et que son mariage n’était que le simple prolongement de sa foi chrétienne.

Sans l’appui de la communauté internationale et une défense acharnée, Ishag aurait été pendue, après avoir reçu la bagatelle de cent coups de fouet. Des pratiques violentes et archaïques, qui sévissent aujourd’hui encore au Soudan donc, mais également aux Maldives et en Arabie Saoudite. Un Saoudien considéré comme apostat risque… une décapitation au sabre. D’autres nations comme l’Afghanistan, le Maroc ou la Malaisie ont connu leurs scandales à ce sujet. Des incohérences entre la loi musulmane et la loi de l’Etat ont souvent débouché sur de gigantesques casse-têtes au moment de juger les apostats.

Le combat pour Meriam Ishag est terminé, et les dérives concernant l’apostasie vont sans doute replonger dans l’anonymat. On peut en effet dresser le constat suivant : en 2014, des hommes sont décapités au sabre pour s’être convertis…

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