Site icon La Revue Internationale

Procès des Femen: «Leur avenir n’est pas rose»

[image:1,l]

Inna Shevchenko, leader des Femen – Photo DR Shutterstock

JOL Press : Les revendications des Femen justifient-elles tous les moyens ?
 

Galia Ackerman : Il me semble surtout que c’est l’objectif de l’action menée à Notre-Dame qui n’est pas juste. Les Femen sont issues d’un pays où il existe une certaine collusion entre le pouvoir de l’époque et l’Eglise orthodoxe. Mais en France, il n’y a pas de collusion entre l’Etat et l’Eglise catholique : elle n’a aucun pouvoir décisionnel sur l’exercice de l’Etat et sur la société. L’Eglise peut se positionner contre l’avortement, mais l’avortement est légal. L’Eglise peut se dire contre le mariage homosexuel, mais il a été légalisé….

JOL Press : Faut-il absolument choquer pour véhiculer un message ?
 

Galia Ackerman : Le problème des Femen, c’est qu’à force de vouloir attirer l’attention de la presse, elles mènent des actions de plus en plus hard, et atteignent les limites naturelles : elles rentrent en contradiction et en conflit avec la loi. Pour continuer à avoir un impact, elles veulent un message de plus en plus fort, mais il y a des limites que la société et la loi ne peuvent tolérer.

JOL Press : Les critiques concernant le happening des féministes à Notre-Dame sont-elles fondées ?
 

Galia Ackerman : Insulter l’Eglise en affirmant que le Pape est un fasciste, ce qu’elles ont fait, ce n’est pas juste, car cela ne correspond pas à la réalité. Si elles avaient agi de la sorte pour dénoncer une Eglise comme celle pendant l’Espagne franquiste, cela aurait été justifié. Je pense que c’est une mauvaise compréhension de la société française et du rôle que joue l’Eglise catholique en général, qui n’a qu’un pouvoir de conseil sur ses fidèles.

JOL Press : Procès, désaffection des membres, expulsion de leur QG à Paris… Les activistes font face à de nombreuses difficultés ces derniers temps. La pérennité du mouvement est-elle menacée selon vous ?
 

Galia Ackerman : C’est une question compliquée. Depuis qu’elles ont perdu leur centre de Kiev, les activistes sont en difficultés. Il n’y a plus de vraie coordination, ni de vraie concertation… Entre leur procès, les dommages et intérêts qu’elles doivent verser, cela montre qu’elles ont du mal à fonctionner techniquement. Leur avenir n’est pas rose, mais ce sont des filles très inventives, et peut-être qu’elles trouveront une parade pour reprendre un second souffle.

Propos recueillis par Louise Michel D.

————–

Galia Ackerman est journaliste, historienne, traductrice franco-russe et auteure de l’ouvrage « Femen » (Editions Calmann-Lévy)

Quitter la version mobile